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Actualités - CHRONOLOGIE

Culture - Le béton devenu oeuvres d'art Le mur de Berlin sur la ligne verte

Nicosie, dernière capitale européenne coupée en deux, a accueilli pendant plus d’un mois l’exposition «Le mur de Berlin, des artistes pour la liberté», à un jet de pierre de la ligne de division, la fameuse «Ligne verte». «Avec quelque 5 000 visiteurs, cette exposition a été un de nos plus grands succès», souligne le conservateur du centre municipal d’arts, Yannis Toumazis. Trente artistes de renom, tels les Français Buren, Arman, Kriki, ou les Américains Adam Steiner et Dennis Oppenheim ont transformé, après la chute du mur, le 9 novembre 1989, des fragments de béton de 1 mètre sur 1,20 mètre en œuvres d’art, «véritables testaments pour la liberté». La «qualité des artistes a contribué au succès de cette exposition autant que le symbole» de sa présence à Nicosie où elle est restée du 17 septembre au 25 octobre, estime M. Toumazis. «Pour le symbole, il suffit de porter le regard au-delà de l’enceinte du centre», dit le conservateur en désignant par la fenêtre un drapeau grec, bleu et blanc, flottant non loin du croissant blanc sur fond rouge turc, délimitant la «zone tampon» entre les deux communautés chypriotes. Ce no man’s land, qui parcourt l’île d’est en ouest sur plusieurs mètres ou kilomètres de large, sépare la communauté grecque, au sud, de la communauté turque, au nord, depuis 1974. La Turquie avait alors envahi le nord de l’île en réponse à un coup d’État de nationalistes chypriotes grecs visant à rattacher l’île, indépendante depuis 1960 après 35 ans de domination britannique, à la Grèce. Ville divisée Au milieu de l’immense salle d’exposition, l’œuvre de Gérard Fromanger représentant l’ombre d’un soldat passant devant des barbelés pourrait être le reflet de l’un de ceux des forces de l’Onu qui veillent à quelques mètres de là. Dans une salle voisine, la municipalité de Nicosie a présenté un montage intitulé «Nicosie, la ville divisée», faisant découvrir un travail entrepris en 1981 pour établir un plan de développement d’ensemble des deux parties de la ville. Cette dernière est traversée en plein cœur par la ligne hérissée de barbelés, qui passe aussi au milieu de fortifications datant de l’époque venitienne (1569). «Il y a dix ans que j’ai monté cette exposition», explique le conservateur de musée. «Je ne pensais pas qu’elle allait devoir durer. Aujourd’hui, elle a besoin d’être remise à neuf car je crains qu’elle ne serve encore pour quelques années», dit-il amèrement, évoquant cette ligne «barbare» qui «défigure» son île. Sur un livre destiné à recueillir les sentiments des visiteurs, une main anonyme a souhaité à Nicosie «le même destin que Berlin». L’exposition «des artistes pour la liberté», présentée une première fois à Lyon en 1996, va poursuivre sa route avec pour prochaines étapes Strasbourg à l’occasion du cinquantenaire du Conseil de l’Europe, puis Berlin pour les dix ans de la chute du mur. Elle sera enrichie de l’œuvre d’un artiste de Chypre, Theodolous, dont la création a remporté un concours ouvert aux Chypriotes. Sur un morceau de mur, il a projeté un texte, traversé par une ligne rouge, adressé à une amie artiste turque. Il s’y excuse de ne pas pouvoir être à ses côtés lors d’une exposition à Istanbul. «Je regrette de ne pas pouvoir y être physiquement, écrit-il. Ce n’est pas ma volonté, le mur est toujours là...».
Nicosie, dernière capitale européenne coupée en deux, a accueilli pendant plus d’un mois l’exposition «Le mur de Berlin, des artistes pour la liberté», à un jet de pierre de la ligne de division, la fameuse «Ligne verte». «Avec quelque 5 000 visiteurs, cette exposition a été un de nos plus grands succès», souligne le conservateur du centre municipal d’arts, Yannis Toumazis. Trente artistes de renom, tels les Français Buren, Arman, Kriki, ou les Américains Adam Steiner et Dennis Oppenheim ont transformé, après la chute du mur, le 9 novembre 1989, des fragments de béton de 1 mètre sur 1,20 mètre en œuvres d’art, «véritables testaments pour la liberté». La «qualité des artistes a contribué au succès de cette exposition autant que le symbole» de sa présence à Nicosie où elle est restée du 17...