Actualités - CHRONOLOGIE
Le quartier de la nouvelle vie, un lotissement sans espoir
le 11 novembre 1998 à 00h00
Les bâches en plastique noir claquent dans le vent qui se lève et les premières rafales de pluie ont vite fait de transformer le sol en bourbier. Pastor Antonio Ramirez Aleman, 36 ans, vérifie du regard les attaches des frêles montants de bois qui soutiennent le toit de tôle de la baraque qui abrite depuis quelques jours sa famille. Mariana, sa femme, houspille leurs trois enfants pour qu’ils se mettent à l’abri. «Nous ne sommes même pas des réfugiés. Non, nous vivons dans la rue», lâche Pastor. «Comment peut-on vivre ici? Avec des enfants. Vraiment, c’est une chose injuste». Comme 900 autres familles des quartiers des rives du lac de Managua, submergés par le déluge qui a accompagné fin octobre le passage du cyclone Mitch, ils ont été réinstallés à Ciudad Sandino, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de la capitale. Leurs fragiles baraques — pour l’édification desquelles on leur fournit bâches, planches, tôles — sont rangées en rangs serrés sur un lotissement grand comme quelques terrains de football. Les derniers arrivants s’installent dans de grands bruits de marteaux. À l’entrée, un panneau blanc aux lettres rouges épelle un nom grinçant: «Quartier de la nouvelle vie, projet de la municipalité de Managua». Une nouvelle vie de bidonville, sous des abris branlants, sans hygiène, sans travail, sans argent, sans guère d’espoir. «Je ne sais pas où aller. J’ai tout perdu. Alors ici ou ailleurs... Mais il faut nous aider, nous sommes des êtres humains», dit Pastor. Le docteur Jorge Flore Palacios, du ministère de la Santé, estime que plus de 4 000 personnes, dont de nombreux enfants, vivent aujourd’hui dans le camp. «Environ 5% ont accès à des latrines. Nous avons de gros problèmes avec l’hygiène et l’eau», explique le médecin. Et d’égrener la liste de l’indispensable: des habitations en dur, des médicaments, des vivres, une alimentation en eau potable, des fosses septiques. Déjà, les ordures et les déjections humaines s’accumulent dans un fossé qui coupe le camp en deux. Dans leur tente frappée de la Croix rouge, les médecins auscultent de 100 à 150 personnes chaque jour, principalement pour des conjonctivites et des infections respiratoires. Sous l’averse, des enfants font la queue devant la camionnette d’une organisation caritative nicaraguayenne pour recevoir une dose de lait et un petit pain. Quelques adultes tentent d’apitoyer la jeune femme chargée de la distribution. En vain. Plus loin, une distribution de vêtements tourne à la foire d’empoigne. Plusieurs organisations humanitaires, nationales, comme étrangères, interviennent sur le «quartier de la nouvelle vie», mais le docteur Flore Palacios met en garde. «Ça ne suffit pas, il faudrait une intervention plus forte du gouvernement. Avant, ils vivaient dans la misère. Mais maintenant ils n’ont plus rien». Plus crûment, Pastor résume : «Il ne nous reste qu’à mourir ici petit à petit».
Les bâches en plastique noir claquent dans le vent qui se lève et les premières rafales de pluie ont vite fait de transformer le sol en bourbier. Pastor Antonio Ramirez Aleman, 36 ans, vérifie du regard les attaches des frêles montants de bois qui soutiennent le toit de tôle de la baraque qui abrite depuis quelques jours sa famille. Mariana, sa femme, houspille leurs trois enfants pour qu’ils se mettent à l’abri. «Nous ne sommes même pas des réfugiés. Non, nous vivons dans la rue», lâche Pastor. «Comment peut-on vivre ici? Avec des enfants. Vraiment, c’est une chose injuste». Comme 900 autres familles des quartiers des rives du lac de Managua, submergés par le déluge qui a accompagné fin octobre le passage du cyclone Mitch, ils ont été réinstallés à Ciudad Sandino, à une quinzaine de kilomètres à...
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