Actualités - CHRONOLOGIE
Les problèmes de ravitaillement créent des tensions à Managua (photos)
le 11 novembre 1998 à 00h00
Quand les camions de secours sont arrivés, des dizaines d’habitants de Posoltega, à 140 km au nord-ouest de Managua, ont formé une chaîne humaine pour les empêcher d’entrer dans la ville et exprimer leur mécontentement sur la distribution de l’aide humanitaire. Au centre d’une des régions les plus affectées par le passage du cyclone Mitch au Nicaragua, Posoltega a connu un afflux de personnes déplacées et sert de centre nerveux pour les secours de la zone. «Il faut que l’aide vienne aux gens», lance Marta Ramo, 39 ans. «Nous non plus, nous n’avons rien. Nous sommes tous du même pays, nous avons tous souffert et aujourd’hui nous n’avons rien», renchérit Alba Peres, 42 ans. Les deux femmes sont furieuses. «Donnez-nous directement», crient-elles en direction des hommes de la sécurité civile française, juchés sur leurs camions. Et de déverser leur rancœur contre des autorités locales qui effectuent selon elles la distribution des maigres secours selon des choix politiques et favorisent ainsi le marché noir. «Moi aussi j’ai bien besoin de farine et de maïs. Mais à nous, on ne nous donne rien», s’emporte Marta. En seconde ligne, les hommes opinent du chef. Dans les camions français, la surprise laisse poindre une certaine inquiétude. «C’est chaud», lance un secouriste. Le convoi, qui n’était venu que pour prendre des instructions sur les villages alentour à ravitailler, repart alors que la colère gronde toujours. Dans les dizaines de camps de déplacés installés dans et autour de la ville, le dénuement pèse également. À quelques kilomètres de Posoltega, les hangars de la société Conagra-Sesame sont fraîchement repeints de jaune vif et bleu. Mais sur les grilles du terrain, sur des fils tendus entre les bâtiments, sèchent des vêtements, du linge. Ici s’entassent des survivants du glissement de terrain du volcan Casitas. À l’entrée du terrain, le gardien en uniforme de l’entreprise gronde à l’occasion un gamin qui secoue un peu trop fort le grillage. «On nous amène bien un peu à boire, un peu à manger, mais il n’y a pas de toilettes pour tout le monde, pas de cuisine», explique Ana Sandovan en montrant tout autour d’elle, d’un bras frêle. «Nous avons tout perdu. Que pouvons-nous faire? Sans aide, ce n’est pas possible», poursuit son mari, Guillermo. Des représentants de la Croix-Rouge nicaraguayenne sont bien passés distribuer tentes et bidons d’eau, mais les sinistrés attendent surtout de la nourriture. Conscients de l’ampleur de la catastrophe pour en être les premières victimes, ils commencent pourtant à critiquer le manque d’organisation des autorités. «Je suis venue exprès de Chinandega (plus au nord-ouest) en me disant qu’ici la route serait meilleure et qu’il y aurait plus d’aide», explique Claudia, une mère de famille de 30 ans. «Mais en fait, c’est pareil. Qu’est-ce qu’il faut faire, qu’on aille tous à Managua?»
Quand les camions de secours sont arrivés, des dizaines d’habitants de Posoltega, à 140 km au nord-ouest de Managua, ont formé une chaîne humaine pour les empêcher d’entrer dans la ville et exprimer leur mécontentement sur la distribution de l’aide humanitaire. Au centre d’une des régions les plus affectées par le passage du cyclone Mitch au Nicaragua, Posoltega a connu un afflux de personnes déplacées et sert de centre nerveux pour les secours de la zone. «Il faut que l’aide vienne aux gens», lance Marta Ramo, 39 ans. «Nous non plus, nous n’avons rien. Nous sommes tous du même pays, nous avons tous souffert et aujourd’hui nous n’avons rien», renchérit Alba Peres, 42 ans. Les deux femmes sont furieuses. «Donnez-nous directement», crient-elles en direction des hommes de la sécurité civile française,...