Actualités - CHRONOLOGIE
Terrorisme - Les poursuites contre Ben Laden, une menace contre les citoyens US Les Taliban haussent le ton à l'égard des Etats-Unis
le 11 novembre 1998 à 00h00
Les taliban afghans, en lançant mardi une virulente attaque contre les États-Unis à propos d’Oussama ben Laden, semblent avoir abandonné l’espoir d’une reconnaissance internationale de leur régime intégriste, ont estimé les analystes à Kaboul. Radio Charia, l’organe officiel des «étudiants en théologie» a estimé, dans une déclaration d’une violence inhabituelle, que les États-Unis allaient mettre en danger la vie de leurs ressortissants dans le monde s’ils persistaient à vouloir juger Ben Laden, le milliardaire d’origine séoudienne qu’ils accusent de «terrorisme». Les décisions des États-Unis menacent la «sécurité de leurs citoyens partout dans le monde», a affirmé Radio Charia. «Ce que les Américains vont y gagner, c’est un déchaînement de haine dans la région et dans le monde musulman», a ajouté la radio. La virulence de l’attaque marque une rupture avec l’attitude adoptée jusqu’à présent par les taliban envers les États-Unis qui, d’ailleurs, dans un premier temps, n’ont montré aucune hostilité particulière envers ce mouvement intégriste afghan. Mais maintenant, «les taliban réalisent qu’ils n’obtiendront pas de reconnaissance internationale, notamment avec l’attitude adoptée par Washington sur l’affaire Ben Laden, et ils se replient sur eux-mêmes», a estimé un analyste. Jusqu’à présent les «étudiants en théologie», tout en restant fermes sur leur refus de livrer le milliardaire islamiste réfugié en Afghanistan, adoptaient une attitude modérée sur la question laissant la porte ouverte à des discussions. Ils ont même affirmé qu’ils étaient prêts à le juger dans le pays et ont donné jusqu’au 20 novembre à Washington pour fournir des preuves de ses menées terroristes notamment dans les attentats au Kenya et en Tanzanie qui avaient fait 224 morts en août. «Le soutien des États-Unis est indispensable aux taliban pour une reconnaissance internationale et l’attribution du siège des Nations unies», a ajouté l’analyste. «Mais ils n’obtiendront jamais cela car si ça arrivait cela signifierait qu’il n’y a plus de taliban», a-t-il dit. Premier producteur d’opium Le régime des taliban est, en effet, toujours totalement isolé. En raison notamment d’accusations de violations des droits de l’Homme dans les régions sous leur contrôle où ils ont rétabli les châtiments islamiques et ont interdit aux femmes l’accès aux soins, à l’éducation et au travail. L’Onu continue de considérer le gouvernement de l’ancien président Burhanuddin Rabbani comme le représentant légitime de l’Afghanistan et la communauté internationale – à l’exception du Pakistan, de l’Arabie séoudite et des Emirats arabes unis – ne reconnaît pas le nouveau régime. Les taliban ont inlassablement réfuté ces accusations en affirmant la conformité de leurs attitudes avec l’islam et en soulignant qu’ils avaient apporté la sécurité dans les régions sous leur contrôle qui représentent désormais 80 % du pays. «Certes, ils ont établi la sécurité, les femmes ne sont plus violées dans les rues d’où la violence a été écartée, mais à quel prix», s’est interrogé un autre analyste. La représentation d’êtres humains est interdite tout comme le sont la télévision, le cinéma, la musique, l’alcool et le jeu. Les nouveaux maîtres de Kaboul «ont joué plusieurs cartes pour obtenir cette reconnaissance si convoitée», a estimé un observateur occidental qui cite notamment le cas Ben Laden ou encore l’offre d’une lutte plus sévère contre la drogue. L’Afghanistan est devenu le premier producteur d’opium du monde et 95 % des zones de production sont sous le contrôle des taliban. «Mais ils ne remettront jamais en cause leur interprétation ultrastricte de la Charia», a averti cet observateur.
Les taliban afghans, en lançant mardi une virulente attaque contre les États-Unis à propos d’Oussama ben Laden, semblent avoir abandonné l’espoir d’une reconnaissance internationale de leur régime intégriste, ont estimé les analystes à Kaboul. Radio Charia, l’organe officiel des «étudiants en théologie» a estimé, dans une déclaration d’une violence inhabituelle, que les États-Unis allaient mettre en danger la vie de leurs ressortissants dans le monde s’ils persistaient à vouloir juger Ben Laden, le milliardaire d’origine séoudienne qu’ils accusent de «terrorisme». Les décisions des États-Unis menacent la «sécurité de leurs citoyens partout dans le monde», a affirmé Radio Charia. «Ce que les Américains vont y gagner, c’est un déchaînement de haine dans la région et dans le monde...