Né à Lyon en 1878, Antoine Poidebard fait des études au Noviciat de la Compagnie de Jésus. Il est ensuite envoyé à la mission de Petite Arménie, où il montre un grand intérêt pour les populations locales. Lieutenant en 1917, affecté comme interprète à la Mission militaire française du Caucase, il est chargé de dresser la carte des communications du golfe Persique à la Caspienne. Un périple de cinq mois le conduit ainsi de Paris jusqu’en Égypte, en Inde, dans le golfe Persique et en Irak. De l’état-major allié de Perse où il est capitaine, il est détaché auprès du commandant en chef de l’Armée arménienne. Après un bref retour en France en 1920, il est remobilisé et envoyé à la mission diplomatique française en Géorgie au moment où Turcs et Bolcheviks s’affrontent.
Quand il est nommé en 1924 à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, le père Antoine Poidebard a déjà une bonne connaissance de la région et de ses problèmes. Il reçoit de la Société de géographie la mission de rechercher les points d’eau et les canalisations perdus de Haute-Syrie. Capitaine de réserve du régiment d’aviation, il voit rapidement l’intérêt que peut avoir l’avion pour la recherche archéologique.
Il le signale à l’Académie des inscriptions et belles lettres qui le charge de diriger des recherches. Il en résultera des documents exceptionnels publiés dans «Syria», ainsi que dans «Géographie» et «Comptes rendus de l’Académie», qui feront ensuite l’objet d’ouvrages : «La trace de Rome dans le désert de Syrie», «Le limes de Chalcis». La bibliographie du père Poidebard est très abondante. Il suffit de rappeler qu’une première série de recherches (1925 à 1932) a fixé le tracé du «limes» impérial de Bosra à Palmyre et au Tigre ; tandis qu’une seconde campagne (1934 à 1942) a précisé l’organisation des arrières entre l’Euphrate et l’Oronte.
Cinq cent cinquante heures de vol réparties sur 250 missions ; des milliers de clichés détaillant une zone de 1 000 kilomètres sur 300, comportant des centaines de kilomètres de voies et quelque 400 ouvrages militaires ou hydrauliques. Les prises de vue ont été effectuées à des hauteurs variant entre 5 000 et 2 500 mètres d’altitude. Le père Poidebard s’est intéressé à l’aspect le plus technique de la recherche, faisant modifier des appareils, concevant des écrans nouveaux et des émulsions spéciales pour accentuer les moindres contrastes dans la coloration des sols. Il a même réalisé des assemblages photographiques.