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Actualités - OPINION

Le président de tous les espoirs !

Le 23 septembre 1958, et suite aux événements bien connus qui avaient secoué le pays à la fin du mandat du président Camille Chamoun, le général Fouad Chéhab accédait à la première magistrature de l’État et inaugurait un mandat sui generis dont l’importance n’a pu être bien saisie que de nombreuses années plus tard, et spécialement à la lumière des événements qui devaient se précipiter. Le mandat du président Chéhab et son style de gouvernement bien particulier, auquel feu Georges Naccache a donné le nom de «chéhabisme», avait eu le grand mérite de croire en les institutions et non pas seulement en les personnes, d’appeler à la tête de nombreux départements de l’administration et aux rênes du pouvoir des technocrates consommés de la trempe de cheikh Farid Dahdah, Abdel Rahman Tayara, Rida Wahid, Chafic Mouharram, Joseph Zaarour, Charles Rizk et de nombreux autres qu’il est impossible de citer exhaustivement. C’est le président Chéhab qui a eu le mérite de lancer des slogans comme: «Après l’indépendance de l’État, il faut construire l’État de l’indépendance». C’est sous son mandat qu’a été consacrée la règle du «6, 6 bis», que le Conseil de la Fonction publique et l’Inspection centrale ont été créés. Le président Chéhab a été surtout un symbole de la dignité de l’État et de la patrie, le père de la réforme administrative confiée à la mission IRFED et l’initiateur de la politique sociale dont les piliers ont été l’Office du Développement Social (O.D.S.), devenu depuis le ministère des Affaires sociales et encore plus la Sécurité Sociale, qui fut à l’époque une véritable révolution, non seulement à l’échelle du Liban, mais à l’échelle de tout le bassin de la Méditerranée Orientale. Le président Chéhab quitta le pouvoir le 22 septembre 1964 mais la plupart des institutions qu’il avait créées lui survécurent sans pouvoir connaître malheureusement le développement escompté. La suite des événements est connue, et il est fastidieux de l’évoquer. Trente-quatre ans nous séparent de la fin du mandat du président Chéhab, quarante ans de son accession à la tête de l’État, et nous sommes aujourd’hui à la veille de voir accéder à la fonction suprême un autre général, homme aux grandes qualités, qui jouit du respect et de l’admiration de tous, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Un homme qui a le grand mérite aujourd’hui de faire l’unanimité autour de son nom aussi bien du côté chrétien que du côté musulman. Un homme en qui se concrétisent les qualités définies par le patriarche Nasrallah Boutros Sfeir, et sur lesquelles insistaient, en des termes assez semblables, le mufti Kabbani et cheikh Mehdi Chamseddine. Un homme en qui se retrouvent sans complexes ni frustration toutes les fractions de la population libanaise. Un homme qui unit et qui rassure les citoyens au dedans et les amis à l’extérieur. Un homme enfin, qui tiendra sans doute compte du conseil de Maxime Weygand, qui disait que «celui qui a la prétention de vouloir gouverner ce pays mosaïque doit se souvenir qu’il marche sur un gazon d’œufs de Pâques; s’il va vite c’est l’omelette au bout du parcours; s’il va doucement, même s’il va très doucement, il ne manquera pas de briser quelques œufs; donc celui-là se doit de ménager les susceptibilités des couleurs. À celui-là chapeau bas!...» Quarante ans après, tous les regards se tournent vers le nouveau président en qui ils voient déjà l’homme qui va marquer son mandat par la paix civile, la réconciliation nationale consolidée et définitivement scellée, la dignité et la crédibilité de l’État retrouvées: l’homme qui va effectivement créer l’État de l’indépendance après que l’indépendance et la souveraineté de l’État aient été totalement assurées sur l’ensemble de son territoire, dont la plus petite parcelle aura enfin été libérée de l’occupation. Mais aussi et surtout l’homme qui va créer l’État de droit et l’État des institutions, et non plus des personnes. L’homme qui va réactiver ces réformes remarquables initiées par le président Chéhab et qui ont perdu beaucoup de leur brio et de leur efficacité. L’homme qui va redonner un nouveau souffle à la politique sociale totalement essoufflée et aux institutions qui sont les garantes de sa bonne exécution avec, à leur tête, le ministère du Travail et celui des Affaires sociales mais aussi le ministère de la Santé, la Caisse nationale de sécurité sociale, l’Office national de l’emploi, l’Office national de l’habitat et toutes les autres institutions: lesquelles, par leur action conjugée et harmonisée, permettront au Liban d’entrer la tête haute dans le XXIe siècle et se hisser au niveau de la mondialisation à tous les niveaux. Est-ce là avoir une vision trop idyllique des choses et manquer de réalisme face à une conjoncture qui n’incite guère à l’optimisme? Certes pas, car cet optimisme «réaliste» et qui n’a rien de béat est la condition indispensable de la survie de l’État. C’est lui qui fait des citoyens des êtres vivants et non des morts ambulants; car «qu’est-ce qu’un vivant, se demande le penseur Michel Hubaut, sinon une promesse d’avenir, une histoire possible, ouverte à toute la fécondité ultérieure, en dépit d’une certaine stérilité provisoire?». C’est de l’espoir et encore plus de l’espérance, grande vertu théologale, que les nations ont besoin pour vivre ou pour survivre, et cet espoir est tout naturellement dynamisé lorsque se profile un nouveau président, en qui elles voient le président de tous les espoirs.
Le 23 septembre 1958, et suite aux événements bien connus qui avaient secoué le pays à la fin du mandat du président Camille Chamoun, le général Fouad Chéhab accédait à la première magistrature de l’État et inaugurait un mandat sui generis dont l’importance n’a pu être bien saisie que de nombreuses années plus tard, et spécialement à la lumière des événements qui devaient se précipiter. Le mandat du président Chéhab et son style de gouvernement bien particulier, auquel feu Georges Naccache a donné le nom de «chéhabisme», avait eu le grand mérite de croire en les institutions et non pas seulement en les personnes, d’appeler à la tête de nombreux départements de l’administration et aux rênes du pouvoir des technocrates consommés de la trempe de cheikh Farid Dahdah, Abdel Rahman Tayara, Rida Wahid,...