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Actualités - REPORTAGE

Signature - A propos de villes et de femmes version arabe Des réflexions sur le vif d'Etel Adnan (photo)

«Of Cities and Women… Letters to Fawwaz» (À propos de villes et de femmes… Lettres à Fawwaz) d’Étel Adnan, paru en 1993 en Californie, vient d’être traduit en arabe par Danielle Saleh. L’auteur a signé, hier, au Madina, cette version arabe, éditée par Dar An- Nahar. Étel Adnan, à travers des lettres à un couple ami, livre ses observations sur la ville et sur l’espace de liberté qu’elle offre à la femme. «À propos de villes et de femmes» est un recueil de neuf lettres datées de 1990, 1991 et 1992 que l’écrivain et poète Étel Adnan a adressées à Nawal et Fawwaz Traboulsi. «Fawwaz avait en projet une revue, Zawaya, pour laquelle il m’avait demandé un texte sur le féminisme dans le monde arabe». Réfractaire aux doctrines, «on ne peut expliquer des millions d’êtres humains par un quelconque dogmatisme», Étel Adnan se rabat sur la forme épistolaire pour s’exprimer. «C’est un format plus libre qu’une étude», dit-elle. «Ce mode me convenait. J’ai envoyé de Barcelone un premier courrier, des observations spontanées sur les femmes, sur la ville…» Ce lien entre ville et femme lui semble évident. «D’abord, je pense qu’il y a une relation entre le genre des mots et la pensée. Le mot ville est féminin. Ensuite» poursuit-elle, «je crois que la ville est un lieu de liberté plus favorable aux femmes que le village. Elles y sont anonymes, elles peuvent s’y perdre… Dans le monde où il y a eu des restrictions sur les femmes, la ville a été un espace favorable à sa liberté». Pas de «Zawaya», mais Étel Adnan prend goût à cette forme d’écriture, à cette correspondance dans laquelle elle jette pêle-mêle ses réflexions, ses observations. Un mois plus tard, c’est une lettre d’Aix-en-Provence où elle était allée admirer une exposition de Cézanne. «La femme est un sujet de peinture pour Cézanne, au même titre qu’une pomme» affirme-t-elle. Picasso, dont une œuvre se trouvait également exposée là, a selon Étel Adnan une tout autre relation avec les femmes. «Dans ses tableaux, elle est éclatée, cassée. Il y a une relation plus dynamique entre Picasso et les femmes». Août 1990, Étel Adnan passe des vacances à Skopelos, île du nord de la Grèce. Là, elle constate une même variété de comportements à l’égard des femmes, qu’au Liban ou en Syrie. «Parlant couramment le grec, j’ai pu avoir des contacts directs avec les gens. Les femmes, il y en a qui sont très émancipées et d’autres encore soumises à l’autorité du père, de la famille…» À l’automne de la même année, elle participe à un colloque sur Ibn Arabi, à Murcia, dans le sud de l’Espagne. Elle dit s’être rendu compte que «la femme magnifiée, idéalisée telle qu’apparue dans l’œuvre de Dante (notamment Béatrice) avait déjà été abordée de la sorte par Ibn Arabi, cent ans auparavant. Toutes ces idées de chevalerie, de troubadour, etc viennent de l’Espagne arabe», selon elle. À Amsterdam, elle assiste à l’opéra «Le retour d’Ulysse» de Monteverdi. «Nous avons eu comme modèle venu d’Occident, Pénélope, cette femme qui a passé sa vie à attendre le retour de son époux. Et le plus grave, c’est qu’elle défaisait tous les soirs ce qu’elle faisait dans la journée. Cette image de la femme qui détruit, qui ne construit pas, est désastreuse» s’insurge-t-elle. Elle dit qu’Amsterdam, c’est également «les prostituées exposées dans des vitrines, comme une marchandise. C’est l’image la plus dégradante de notre monde contemporain». Berlin, pendant la guerre du Golfe, c’est une rencontre avec une femme qui, pour vivre libre, a fait de la prison. Deux lettres de Beyrouth. La première pour parler d’une amie, «Janine Rubeiz, très malade à l’époque». La deuxième pour évoquer son enterrement. «Ce décès et cet enterrement constituaient un aboutissement: les funérailles d’un certain Beyrouth, de notre enfance, de la ville telle qu’elle était…» Ce n’est pas un hasard que ces lettres aient été envoyées à Fawwaz, souligne-t-elle. «Il est ouvert à ce genre de réflexions; il est sensible aux idées de développement et de libération de la société arabe. Il est pour l’importance de la participation de la femme à tous les aspects de la vie sociale, selon ses choix. Pour une justice sociale, humaine, c’est-à-dire pour changer le regard de la société, non pas des hommes uniquement, car quand il y a une culture les femmes aussi la propagent. Ce sont les femmes qui malheureusement perpétuent l’oppression des femmes, car elles sont les gardiennes de la culture».
«Of Cities and Women… Letters to Fawwaz» (À propos de villes et de femmes… Lettres à Fawwaz) d’Étel Adnan, paru en 1993 en Californie, vient d’être traduit en arabe par Danielle Saleh. L’auteur a signé, hier, au Madina, cette version arabe, éditée par Dar An- Nahar. Étel Adnan, à travers des lettres à un couple ami, livre ses observations sur la ville et sur l’espace de liberté qu’elle offre à la femme. «À propos de villes et de femmes» est un recueil de neuf lettres datées de 1990, 1991 et 1992 que l’écrivain et poète Étel Adnan a adressées à Nawal et Fawwaz Traboulsi. «Fawwaz avait en projet une revue, Zawaya, pour laquelle il m’avait demandé un texte sur le féminisme dans le monde arabe». Réfractaire aux doctrines, «on ne peut expliquer des millions d’êtres humains par un...