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"Beyrouth-Palerme-Beyrouth" de Mahmoud Hojeige : les jeunes face au chômage ...
Par G. A., le 10 septembre 1998 à 00h00
«Beyrouth-Palerme-Beyrouth» de Mahmoud Hojeige est un film vidéo de 17 minutes dans lequel six jeunes relatent, en monosyllabes et images hachées, leur recherche — infructueuse — d’un emploi. Ils racontent les barrières que leur oppose une société basée sur le «piston», qui ignore tout diplôme ou compétence, toute valeur personnelle. Le film s’ouvre sur une rame du métro parisien qui passe. Pour le jeune réalisateur, «le métro c’est à la fois la promenade, mais c’est aussi le symbole du wagon que nous prendrons tous un jour ou l’autre. Une voiture dans le train de la vie, du travail, de l’intégration sociale…» C’est ensuite Mohammed, Rima, Ziad, Roula et Zeina qui défilent à tour de rôle. Auparavant, on voit Mahmoud, le réalisateur, tenu dans l’embrasure d’une porte… remercier pour un prix obtenu. «J’ai eu» dit-il, «le premier prix à l’International Sport film de Palerme en novembre 1997 pour un court-métrage, «Once» (11 mn) sur le football. J’ai donc d’abord voulu exprimer le sentiment que j’ai ressenti. Et ensuite dire que même avec cette récompense, qui est une reconnaissance, je n’ai pas réussi à trouver du travail». — Mohammed, lui, est confronté à un système policier qui l’accuse d’être un adepte de Kurkobain (Kurt Cobain)… — Rima, chanteuse, se heurte à l’incompréhension d’un public qui n’accepte pas de voir ses chansons fétiches modifiées… — Ziad repose le problème de l’appartenance communautaire, unique critère d’identification. Evoquant les «enlèvements à l’identité», il a fait remarquer qu’avec les nouvelles cartes d’identité à puce, et en cas de conflit, ces kidnappings se feraient «à l’ordinateur»… La dérision comme unique moyen de dénoncer l’absurde au quotidien. «C’est ma façon de plaider pour une société civile», souligne Hojeige. — Roula postule pour un emploi et se voit assignée à faire le café… — Zeina, à cause de sa petite taille, n’est pas prise au sérieux… Tous, alors qu’ils sont en train de se raconter, se prennent des giclées d’eau, autant de giffles infligées par une société qui ne leur offre aucune possibilité de s’y faire une place. Les plans très rapprochés figurent l’étouffement dans lequel se trouvent ces jeunes; les prises se succèdent à un rythme saccadé, évoquant le chaos duquel ils se sentent victimes… Mahmoud Hojeige, 24 ans, formé côté audiovisuel à la LAU, prépare sa maîtrise en réalisation à Sheffield (Angleterre). Il regrette qu’une manifestation comme «Ayloul ait si peu d’écho auprès des gens. Il y a là une telle émulation que c’est dommage que ce festival passe inaperçu…» A part son projet de diplôme qui a donc été récompensé à Palerme, «Beyrouth-Palerme-Beyrouth» est sa première création. «Ayloul a été pour moi l’occasion de parler du sentiment que j’ai eu en remportant un prix international. Mais je devais aborder également la frustration, le désespoir qui nous mine, nous les jeunes. Nous sommes face à une société que rien ne semble pouvoir changer. Nous sommes condamnés à vivre ici dans le chaos ou à être des génies en exil», dit-il amèrement. «Il y a des tabous très forts, comme la politique, la religion… Tant qu’on n’y touche pas, on peut vivre en paix. Ce ne sont pas les gens que je mets en cause, mais un système rétrograde qui se complait dans son tiers-mondisme». Et d’avouer son découragement…
«Beyrouth-Palerme-Beyrouth» de Mahmoud Hojeige est un film vidéo de 17 minutes dans lequel six jeunes relatent, en monosyllabes et images hachées, leur recherche — infructueuse — d’un emploi. Ils racontent les barrières que leur oppose une société basée sur le «piston», qui ignore tout diplôme ou compétence, toute valeur personnelle. Le film s’ouvre sur une rame du métro parisien qui passe. Pour le jeune réalisateur, «le métro c’est à la fois la promenade, mais c’est aussi le symbole du wagon que nous prendrons tous un jour ou l’autre. Une voiture dans le train de la vie, du travail, de l’intégration sociale…» C’est ensuite Mohammed, Rima, Ziad, Roula et Zeina qui défilent à tour de rôle. Auparavant, on voit Mahmoud, le réalisateur, tenu dans l’embrasure d’une porte… remercier pour un...