Des montagnes du Yémen aux déserts séoudiens, on n’a d’yeux que pour les télévisions libanaises et leurs présentatrices aguichantes qui font un malheur dans les sociétés conservatrices de la Péninsule arabique.
Depuis qu’elles ont commencé en septembre dernier à être diffusées sur le satellite Arabsat, la Lebanese Broadcasting Corporation (LBC) et la Future TV, deux chaînes privées, ont largement dépassé en audience les autres chaînes arabes et internationales reçues dans la région.
Leur recette est simple: des jeux, des variétés, des débats dont le franc-parler tranche avec les programmes des télévisions conservatrices de la région mais surtout des présentatrices légèrement vêtues qui font tourner la tête aux hommes du Golfe, où les femmes sont le plus souvent voilées.
«Les présentatrices sont tellement belles, leur façon de parler me fait croire qu’elles s’adressent à moi seul», dit Mohammed al-Awadi, fonctionnaire koweïtien de 35 ans, résumant l’engouement de ses compatriotes pour ces chaînes.
Dans les «diwaniyas» où il retrouve chaque soir ses amis pour discuter et jouer aux cartes, la télévision est branchée en continu sur la LBC ou la Future TV.
«Je peux voir la LBC toute la journée sans me lasser, alors qu’il me suffit de regarder la télévision koweïtienne pendant deux heures pour avoir une dépression nerveuse», dit Jassem, un commerçant koweïtien de 45 ans.
Les Yéménites, qui suivent leurs programmes en mâchant le qat, ont trouvé des sobriquets grivois pour ces chaînes libanaises qui leur offrent un espace de liberté.
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«Je regarde les télévisions libanaises pour pleurer sur mon sort quand je compare toutes ces belles filles à ma femme», dit Abdo Wahbani, un commerçant yéménite.
Mais les imams des mosquées de Sanaa sont montés au créneau, dénonçant les présentatrices de la «Ilbissi» (rhabille-toi, en arabe).
En Arabie Séoudite, le pays le plus conservateur de la région, une récente étude effectuée par l’institut de sondage PARC — basé aux Emirats arabes unis — a montré que la LBC venait en tête des taux d’écoute des télévisions satellitaires, notamment à La Mecque et à Médine, premiers lieux saints de l’Islam.
«Les gens en Arabie Séoudite ne voient plus que les chaînes libanaises. Un de mes clients ferme sa boutique plus tôt le soir pour ne pas rater une émission de variétés, parce qu’il appelle en direct», dit Ziad, représentant de commerce libanais.
Lors d’un programme de jeux où les téléspectateurs doivent appeler pour donner des réponses, un Séoudien a demandé en direct à une présentatrice… si elle voulait l’épouser.
Les débats, qui peuvent aborder des sujets brûlants comme les relations pré-maritales, la censure ou les superstitions, sont également très suivis.
Les télévisions libanaises font aussi le bonheur des immigrés arabes dans le Golfe. «Depuis que nous les recevons, nous ne nous ennuyons plus le soir», dit Nadim, un ingénieur libanais qui travaille sur un projet pétrolier dans le désert près d’Abou Dhabi.
Mais les critiques ne manquent pas. «On dirait que ces télévisions ont pris le parti de ne jamais pousser les téléspectateurs à réfléchir», estime Mohammed Haddad, un banquier libanais vivant aux Emirats.
«Elles utilisent le facteur féminin d’une façon qui porte préjudice à la réputation des femmes libanaises», ajoute-t-il. «Beaucoup de jeunes gens du Golfe croient maintenant que les Libanaises sont des filles faciles», conclut-il.
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