«Le roi et l’oiseau» est un film d’animation adapté d’un conte d’Andersen, «La bergère et le ramoneur». On y retrouve les principaux thèmes chers à Prévert. Le roi Charles V+III= VIII+VIII= XVI, règne en tyran sur le royaume de Tachicardie. Amoureux d’une bergère, il décide de l’épouser, l’arrachant au ramoneur qui l’aime et qu’elle aime. Les deux amoureux s’enfuient, aidés par un oiseau impertinent qui niche en haut des appartements du roi. Le film narre cette folle poursuite à travers la ville royale et la ville basse… Le roi incarne la vanité et la bêtise; la bergère et le ramoneur, l’innocence et l’amour. La liberté bafouée finira par prendre son envol sur les frêles ailes de l’oisillon…
Dans une interview accordée à «L’Orient-Le Jour», M. Hugues Bachelot a noté que «Fatras, succession», la société qui gère le patrimoine de Prévert, organise un certain nombre d’activités pour l’anniversaire de la disparition de Jacques Prévert, il y a vingt ans. Au Liban, ces manifestations se concentreront essentiellement autour du Salon Lire en Français et en musique en novembre.
«D’abord, il y aura la publication d’une anthologie de Prévert, bilingue (arabe/français), par les Editions Dar An Nahar. Ensuite, quatre expositions se dérouleront au Salon même ou au Centre culturel français: — «le siècle de Prévert», depuis 1900, date de sa naissance, à 1977, date de sa mort; — «Doisneau/Prévert: à l’imparfait de l’objectif», série de photos dans Paris; — Collages surréalistes; — Dessins de Jacqueline Duhême, illustrateur de livres pour enfants ayant eu de nombreuses collaborations avec Prévert». Par ailleurs, deux spectacles sont également au programme: Grégory Mouloudji (fils de Claude Mouloudji) chantera et Claude Piéplu récitera des poèmes de Prévert. Enfin, six films auxquels Jacques Prévert a participé en tant que scénariste ou dialoguiste, «Quai des brumes», «Les enfants du paradis» et quelques autres classiques…
«Nous avons également prévu de suspendre deux banderoles de 4mx4m sur la façade d’un immeuble détruit de Beyrouth. Il y aura reproduit le poème «Barbara» en français et en arabe. Cette manifestation se fera en collaboration avec les étudiants de l’ALBA» précise encore M. Bachelot.
Le gendre du poète souligne que «Prévert était très sensible à la guerre. Plus généralement à toute injustice. Il soutenait toute démarche qui avait pour but la libération.
«Sur le fait de savoir pourquoi la société «Fatras» a choisi Beyrouth, M. Bachelot a précisé que «nous allons dans les villes qui, malgré les moments dramatiques qu’elles traversaient, n’ont cessé d’être à la recherche de la culture. Nous rentrons de Sarajevo, c’est aussi une ville qui a souffert et qui malgré tout a gardé le souci d’une ouverture culturelle».
Pour M. Bachelot, il est important de «véhiculer la langue française, j’ai peur qu’elle ne devienne «morte». Nous assistons à une guerre commerciale des langues».
Evoquant Jacques Prévert qu’il a connu, M. Hugues Bachelot a dit du poète qu’il avait «beaucoup d’humour, du burlesque. En même temps il avait un regard triste sur la vie. C’était un révolté permanent. Malgré les années, il était resté intact. Il voulait plus de justice, moins de saleté».
Rendez-vous donc en novembre pour tout savoir sur «l’homme multimédia» (le terme est de l’archiviste de la société «Fatras»)…
A.G.