Ecrits dans une langue diaphane aux fioritures limitées, ciselés en petits vers délicats à la cadence et à la rime libres, ces poèmes reflètent un certain esprit où se mêlent pêle-mêle les «petites choses» de la vie. Désir, découverte, tendresse, tranquillité, solitude, lumière, voyage, secret, trouble, fatigue, tout ce qui est anodin en un certain sens et éphémère est ici répertorié avec finesse et subtilité. Le «dire» poétique de Inayat Jaber à l’essence profondément féminine est fait de sensibilité à fleur de peau et aux aguets, de musicalité douce, d’images radieuses et paisibles appuyées d’un lyrisme discret où la mer, le vent, le soleil, la pluie et l’aube ont des résonances particulières. Résonances feutrées où l’espoir est au bout du chemin. Confidences captées au gré de l’humeur et de l’inspiration. Confidences pudiques, douces, proférées comme un chant murmuré. Petites phrases claires et limpides où le rythme et le choix des mots donnent le ton à cette extrême simplicité et fraîcheur. Langue arabe suave et fluide pour une introspection délibérément imprécise. Contour flou des vocables et de la cadence comme pour se déroler à toute rigueur ou contrainte. La poésie a l’allure ici d’un journal intime qui ne porterait ni date ni spécifications géographiques. Un rêve éveillé où les mots ramènent l’auteur et le lecteur vers les rives du quotidien, comme une aquarelle éclaboussée de blanc et à qui une tâche de couleur restitue fraîcheur et vivacité...
E.D.