Vénus Khoury-Ghata s’est érigé un univers où le dire a revêtu plus d’un aspect. Poésie sensuelle, tragique aux accents véhéments, pleine d’humour, vouée parfois au rire d’un enfant... Mais poésie surtout aussi pour célébrer et conjurer à la fois la mort.
Ecoutons Vénus Khoury-Ghata s’expliquer sur ce sujet si présent dans un dernier ouvrage intitulé «Anthologie personnelle» (Actes Sud - 172 pages) qui groupe d’anciens poèmes et quelques inédits. «Pourquoi ce besoin incessant de parler de la mort? Le mot «mort» constitue la pierre d’angle des titres de mes livres. «Vacarme pour une lune morte» «Les morts n’ont pas d’ombre» «Mortemaison» «Monologue du mort». Il faut remonter à l’année 1975 quand me parvenaient les images insoutenables du Liban noyé dans son sang. Les cadavres placés sur des planches de bois étaient lancés dans les fosses communes du même geste que le boulanger enfourne son pain. La mort, pain quotidien des Libanais. Je culpabilisais de transformer les morts en matière écrite, de les aligner tels des soldats de plomb sur mes pages, mais j’étais incapable de toucher à d’autres sujets».
C’est ce constat que Vénus Khoury-Ghata tente de cerner à travers images et sonorités d’une poésie libre et vibrante où la vie défie la mort.
E.D.