Avec un électeur italien sur cinq appelé à se rendre aux urnes pour élire les maires et conseils municipaux de 1.115 communes, dont les villes de Milan et de Turin, il s’agit de l’échéance électorale la plus importante depuis les élections législatives d’avril 1996 qui ont conduit à la victoire de l’alliance de l’Olivier de Romano Prodi.
Tous les projecteurs sont tournés vers Milan, la capitale financière de l’Italie, où le maire en exercice, le séparatiste Marco Formentini de la Ligue du Nord, est en passe de perdre son fauteuil au profit du centre-droit Gabrielle Albertini (Alliance pour la liberté) ou de Aldo Fumagalli de l’Olivier.
Même si les considérations strictement locales, qui ne peuvent manquer de peser sur le choix d’une proportion de l’électorat, doivent être prises en compte, le paysage politique qui émergera des urnes, lundi soir, devrait peser sur la scène politique nationale, estiment les analystes politiques.
«Quelles que soient les raisons du choix des électeurs, c’est comme ça qu’on interprétera les résultats», dit Sergio Romano, l’un des commentateurs politiques italiens les plus respectés. «C’est un jeu que les partis politiques ont conçu eux-mêmes et ils ne peuvent pas s’en extraire», selon lui.
Les sondages d’opinion sont interdits durant la dernière ligne droite avant les élections, mais l’étude la plus récente, publiée le 7 avril, a révélé que Romano Prodi était dans une mauvaise posture, sa popularité étant au plus bas depuis sa victoire aux élections législatives.
Hostilité
Le sondage, réalisé par Explora pour le journal «La Stampa», indiquait aussi que le parti de centre-droit, l’Alliance pour la liberté, aurait remporté les élections si elles avaient eu lieu le jour même.
Deux résultats qui s’expliquent par la morosité du public après un an du régime d’austérité imposé par le chef du gouvernement aux Italiens pour rendre l’économie conforme aux critères définis dans le cadre de la progression vers la monnaie unique, selon «La Stampa».
L’«euro-taxe», destinée à réduire le déficit budgétaire à hauteur de 3% du produit intérieur brut (PIB), ainsi que l’exigent les contraintes européennes, commence à porter ses fruits.
Mais les efforts du gouvernement pour démontrer le bien-fondé de ce mal nécessaire ont subi un revers mercredi, la Commission européenne ayant établi dans son rapport rendu public mercredi qu’en dépit des mesures d’austérité, l’Italie ne parviendrait pas à respecter le seuil des 3%, mais que son déficit se situerait à 3,2% du PIB.
Ces prévisions tendent à accroître les pressions sur Rome pour qu’il adopte une politique sociale plus rigoureuse encore, ce qui ne peut manquer d’alimenter l’hostilité des Italiens.
Refondation Communiste, le parti d’extrême-gauche qui détient la clé de la majorité gouvernementale au Parlement, résiste aux mesures d’austérité. Il a cherché à améliorer son image auprès de l’électorat au cours de la campagne en se démarquant de l’alliance du président du Conseil.
Il a fait la démonstration ce mois-ci de sa capacité à jouer un rôle à part entière lorsqu’il s’est opposé au chef du gouvernement au sujet du déploiement sous commandement italien de la force multinationale en Albanie, menant la coalition au bord de la rupture.
Le résultat obtenu par Refondation Communiste aux élections pourrait avoir de fortes conséquences sur les négociations gouvernementales à venir au sujet des réformes sociales, disent les analystes politiques.
Le second tour des municipales, au scrutin majoritaire à deux tours, aura lieu le 11 mai.
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