Le PDG de Télé-Liban a commencé par dresser un historique sommaire de la situation culturelle au Liban. Il a parlé de la rencontre des civilisations orientales et occidentales, de l’influence du mandat français qui, selon lui, a conforté le pluralisme du pays «dans sa religion, ses croyances, ses lectures, en un mot dans sa culture».
Puis, il est passé à l’évolution du rôle du petit écran. «En jetant un regard sur l’histoire des télévisions dans le monde, on constate (…) que les dirigeants ont toujours essayé de délivrer un message de culture. En fait, qu’elle est la véritable vocation d’une télévision? Divertir? Informer? Eduquer? Les trois ensemble certes. Mais dans quel ordre? Car, ne nous trompons pas, ces trois verbes sont à la base de toute programmation (…). Aux Etats-Unis, la télévision a vu le triomphe de la TV commerciale durant de longues années grâce aux séries policières, sitcoms, soap-operas et jeux populaires. Newton Minow, collaborateur du président John Kennedy, parlait en 1961 de «désert culturel». Un sociologue américain, J.A. Steiner, relevait, dans tous les milieux sociaux et culturels, une certaine honte du public devant des programmes qu’il regardait pourtant. Un peu comme chez nous où tout le monde vous dit qu’il ne regarde pas les séries mexicaines et qui vous raconte tout sur Maria Mercedes, Guadalupe et autres Rosa… Il y avait, cependant, des Américains pour penser que l’audiovisuel pouvait jouer un rôle décisif dans la formation des masses. Ainsi fut créée la chaîne éducative, la «National Educational Television», la télévision publique culturelle. Dans la plupart des pays d’Europe, poursuit le conférencier, les deux tendances de la culture et de la distraction coexistent, d’autant plus facilement que la télévision reste largement un instrument de l’Etat».
Le PDG de Télé-Liban s’est ensuite attardé sur les différentes définitions du mot culture, dont la plus adaptée semble être la plus large. A savoir, celle qui réunit sous ce terme les coutumes, les croyances, la langue, les idées, les goûts et la connaissance technique de l’environnement total de l’homme. «Quand la masse est hétérogène et pluriculturelle, on peut certes lui faire acquérir une certaine culture au moyen des médias. Mais dans ce cas, la solution ne peut venir que de la chaîne nationale». Assurant qu’il ne prêche pas pour sa paroisse, le PDG de la chaîne publique a affirmé que: «Les télés actuelles sont et resteront des télévisions commerciales. Leur principal souci sera de toujours surveiller les résultats de l’audimat. Télé-Liban par contre, ajoute-t-il pourrait consacrer un de ses canaux pour la diffusion d’émissions culturelles. Cette télé culturelle pourrait alors dresser les dénominateurs communs entre les différentes coutumes et croyances, entre les langues que les Libanais parlent, entre leurs goûts si divers pour concevoir des grilles de programmes qui conviendraient aux goûts de tous». Tout en faisant remarquer que cette télévision - là ne rapporterait pas des sommes folles, M. Boulos a émis l’idée que la télé de l’Etat pourrait réclamer aux autres chaînes 10% de leurs rentrées pour financer ses émissions culturelles. «Ce qui serait après tout la récupération d’un droit de monopole jamais perçu», a-t-il estimé. Il a toutefois effleuré ce thème de manière hypothétique sans paraître y trouver matière à projet sérieux…
Et de conclure en se demandant si «la TV est, comme le prétendit Salvador Dali, le moyen le plus efficace de «crétinisation des masses» ou au contraire, l’instrument essentiel de leur affranchissement»…
Z.Z.
Les plus commentés
Désarmement du Hezbollah : les ministres chiites lancent la contre-attaque
Depuis les bancs de l’opposition, Bassil hausse le ton... sauf sur les armes
Un magistrat arrêté pour pots-de-vin, une première au Liban