MARNE-LA-VALLEE (France), 13 Avril (AFP). — Disneyland Paris, un ancien champ de betteraves devenu le site payant le plus visité d’Europe, a soufflé samedi ses cinq premières bougies dans la liesse.
Roy Disney, vice-président de la maison-mère américaine et neveu de Walt, a estimé que le parc avait «mûri» en cinq ans d’activité et allait poursuivre résolument sa croissance.
Après deux années consécutives de bénéfices et une affluence record l’an dernier (11,7 millions de visiteurs), les menaces de fermeture qui avaient assombri ses premiers anniversaires sont reléguées aux oubliettes, même si l’avenir n’apparaît pas encore rose.
«Walt Disney est passé à quelques kilomètres du site lorsqu’il était ambulancier de la Croix-Rouge durant la Première Guerre mondiale, sans soupçonner l’avenir réservé à ce plateau», se plaît à raconter Roy.
«Ouvrir un parc au Japon, destiné à plaire essentiellement à des Japonais, était facile d’une certaine façon. En Europe, le bon dosage s’est avéré plus long à trouver en raison d’un public hétérogène», juge-t-il.
Depuis son ouverture, le 12 avril 1992, le parc décrié par certains comme une invasion américaine en terre européenne a été néanmoins plébiscité par environ 50 millions de visiteurs. Il a aussi engendré près de 37.000 emplois, dont près de 10.000 postes directs.
En l’absence d’investissements dans de nouvelles attractions, élément primordial pour continuer à attirer les foules dans un parc à thème, Disneyland Paris mise cette année sur ses nouveaux spectacles et des événements comme une étape du Tour de France cycliste.

Un conte
de fées...

Et pour célébrer un anniversaire aux couleurs de l’Europe, des troupes de différents pays ont été conviées à un défilé géant entrecoupé de chars et de personnages traditionnels de l’univers Disney.
Les gardes de la reine d’Angleterre en bonnet à poil et uniforme rouge ont ouvert la marche en cadence dans le Royaume magique, suivis par des couples de danseurs bavarois, des violonistes suédois, des joueurs de cornemuse écossais, des accordéonistes français, des lanceurs de drapeau piémontais et des chevaux andalous. Des troupes carnavalesques de Belgique, du Portugal, d’Espagne, de Suisse et des Pays-Bas leur ont emboîté le pas.

Dans une tradition plus «show business», de nombreuses stars étaient également de la fête. La cantatrice Barbara Hendricks a entonné un joyeux anniversaire, la comédienne italienne Ornella Muti a inauguré une nouvelle allée de dalles, que de simples visiteurs pourront acheter pour s’immortaliser, et la blonde actrice américaine Mélanie Griffith a fait une apparition remarquée.

Un millier d’enfants européens, invités par des organisations caritatives, ont découvert le château de la Belle au bois dormant et de somptueuses sculptures végétales en forme de personnages, aux côtés de 34 bébés nés le 12 avril 1992 dans la première demi-heure de vie du parc.
«Nous ne pouvons pas considérer que tout et gagné», soulignait récemment le nouveau président de la société d’exploitation du parc parisien, Gilles Pélisson. Disneyland Paris, qui avait nettement baissé ses tarifs en 1995 pour s’adapter à une Europe en crise, envisage notamment de les réévaluer l’an prochain.
Le grand patron américain Michael Eisner — aujourd’hui soulagé après avoir déclaré il y a trois ans lors de difficiles négociations avec les banques que «tout (était) possible, y compris la fermeture» — n’a pas manqué de venir fêter en personne une aventure mouvementée au dénouement plutôt heureux.