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Actualités - CHRONOLOGIE

La polémique rebondit sur la véracité de l'aveu d'Artur London

PARIS, 11 Avril (AFP). — La polémique a rebondi sur la véracité du témoignage de l’auteur de «L’Aveu», Artur London, dont le visage torturé chaussant de petites lunettes noires, incarné par Montand dans le film de Costa Gavras, avait fait le tour du monde comme symbole de l’anti-totalitarisme.
La veuve d’Artur London décédé en 1986, Lise London, vient de rendre public sous le titre «Aux sources de l’Aveu» un document inédit, écrit par son mari en prison et ayant servi de canevas au célèbre récit.
Le texte d’une soixantaine de pages imprimées est publié chez Gallimard, le même qui avait édité le best-seller en 1968, au moment du «Printemps de Prague» écrasé par les chars soviétiques.
Ecrit en français sur du papier très fin, il aurait été transmis par Artur London clandestinement à sa femme, en février et en mai 1954, depuis sa prison pragoise de Ruzyne.
Artur London, ancien vice-ministre tchécoslovaque des Affaires étrangères, avait été condamné à la prison à perpétuité en 1952 dans un procès stalinien dont 11 co-accusés, avec en tête le chef du Parti communiste tchécoslovaque Rudolf Slansky, ont été pendus. Artur London fut libéré en 1955 puis réhabilité.
Dans ce document, pour la première fois, Artur London décrit, dans des pages bouleversantes, les tortures physiques et mentales qu’on lui faisait subir pour extorquer ses «aveux»: «L’investigation n’est pas menée pour établir si l’accusé est coupable ou non. La culpabilité est admise d’avance et la décision du Parti par laquelle l’arrestation était réalisée est la preuve de la culpabilité», sont les premiers mots de son témoignage.
Plusieurs passages réapparaissent quinze ans plus tard dans son livre. Pour l’éditeur, Pierre Nora, le manuscrit qu’il publie et dont des pages figurent agrandies dans l’ouvrage, est «la source et le noyau originel de «L’Aveu»».
Ce texte brut avait été réclamé par des historiens en novembre dernier, lors de la vie polémique née du portrait sans fard que brossait de ce communiste victime du totalitarisme un historien tchèque, Karel Bartosek.
S’appuyant sur un autre document de près de 400 pages, écrit plus tard, cette fois en tchèque, par Artur London et trouvé dans les archives du PCT ouvertes après la «révolution de velours» de 1989, Bartosek ébranlait la légende.
Dans un livre intitulé «Les aveux des archives Prague-Paris-Prague, 1948-1986», il accusait Artur London d’avoir été lui-même une sorte de commissaire rouge pourchassant tous ceux qui n’approuvaient pas totalement la ligne de l’Internationale communiste, avant d’être pris à son tour dans l’engrenage.
Lise London, dénonçant une «campagne pleine d’ignominie», avait décidé de contre-attaquer en rendant public le manuscrit. Celui-ci était censé informer le Parti communiste français du caractère fabriqué des procès Slansky, affirme-t-elle dans une longue préface, alors que le document cité par Bartosek, rédigé en 1955, était destiné à la direction du PCT aux fins d’obtenir une révision du procès.
Le vrai Artur London apparaît-il dans l’un ou l’autre de ces documents, alors que Lise London mentionne l’existence d’un troisième, sans le citer?
Pour Karel Bartosek, qui relève au passage des erreurs et inexactitudes dans les notes accompagnant le manuscrit, «cette pièce nouvelle n’infirme nullement» ses conclusions.
«A deux reprises, Artur London se vante d’avoir été le premier à démasquer» en 1949 l’espion Noël Field, dont la capture avait déclenché les grands procès staliniens au tournant des années cinquante, a-t-il noté.
Soulignant que l’«on ne peut pas mettre en doute le témoignage lui-même, qui est fort», il relève néanmoins, à l’appui de sa thèse, la «haine farouche que London avoue nourrir pour ses co-inculpés et co-détenus».
PARIS, 11 Avril (AFP). — La polémique a rebondi sur la véracité du témoignage de l’auteur de «L’Aveu», Artur London, dont le visage torturé chaussant de petites lunettes noires, incarné par Montand dans le film de Costa Gavras, avait fait le tour du monde comme symbole de l’anti-totalitarisme.La veuve d’Artur London décédé en 1986, Lise London, vient de rendre public sous le...