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Actualités - CHRONOLOGIE

Dans l'affaire du Mykonos, le tribunal de Berlin met en cause le terrorisme d'état Grave crise entre l'UE et l'Iran les quinze rappellent leurs ambassadeurs à Teheran et suspendent le dialogue critique (photo)

L’Iran, «au plus haut sommet de l’Etat», a été accusé jeudi de terrorisme par un tribunal allemand. Cette première mondiale a provoqué une vive tension avec l’Europe. Téhéran a aussitôt expulsé quatre diplomates et rappelé son ambassadeur à Bonn. L’Allemagne à son tour a décidé l’expulsion de quatre Iraniens collaborateurs d’organismes iraniens dans le pays.
Le tribunal criminel de Berlin avait à connaître de l’assassinat de quatre opposants kurdes iraniens dans un restaurant de la ville, le «Mykonos», en 1992.
Le tribunal a condamné à la prison à vie l’Iranien Kassem Darabi, 38 ans, chef présumé de l’opération et considéré comme un agent des services secrets de son pays, ainsi que le Libanais Abbas Rehayel, 29 ans, considéré comme un ancien militant du Hezbollah libanais et soupçonné d’avoir été le tueur, avec une arme automatique, le 17 septembre 1992. Leurs condamnations ont été assorties d’une peine de sûreté de 15 ans.
Deux de leurs complices, les Libanais Youssef Amine et Mohamed Atriss, ont été condamnés respectivement à 11 et 5 ans et trois mois de prison. Un cinquième accusé, le Libanais Atallah Ayad, a été acquitté. Deux des accusés, Kassem Darabi et Mohamed Atriss, ont décidé de faire appel.
«Les ramifications du crime vont jusqu’au plus haut sommet de l’Etat iranien» et «la direction politique de l’Iran est responsable de l’attentat», a jugé le tribunal.
L’assassinat a été décidé à Téhéran par un «comité des affaires spéciales», où siègent le chef de l’Etat iranien, Ali Akhar Hachemi Rafsandjani, et le Guide spirituel de l’Iran, Ali Khamenei, a souligné le tribunal sans toutefois citer les noms des intéressés, à la différence du Parquet fédéral.
Le ministre iranien des Renseignements, Ali Fallahian, également membre de ce comité et contre lequel le Parquet fédéral avait lancé un mandat d’arrêt pour meurtre en 1996, a été en revanche nommément cité comme le donneur d’ordre de l’attentat.

Washington
se félicite

Bonn, suivi de quelques heures par ses quatorze partenaires de l’Union européenne (UE), a annoncé dans la foulée du verdict le rappel de son ambassadeur et la suspension du «dialogue critique» avec Téhéran, dont l’Allemagne était jusqu’à présent le plus chaud partisan.
Téhéran et Bonn ont également annoncé quasi simultanément des expulsions croisées de diplomates, tandis que Washington a demandé aux Européens de couper les liens avec Téhéran.
Le «dialogue critique» avait été décidé par l’UE en 1992 pour protester contre le manque de progrès de la part de l’Iran dans l’affaire de la «fatwa» (décret religieux) par laquelle l’imam Khomeiny a condamné à mort l’auteur des «Versets sataniques», ouvrage jugé blasphématoire.
Cette affaire, par laquelle l’ayatollah Khomeiny entendait prendre une place en pointe dans le monde musulman et couper les ponts avec l’Occident, avait déjà provoqué à l’époque un rappel de tous les ambassadeurs européenns en poste à Téhéran.
Le «dialogue critique» instauré depuis, gèle sans les proscrire vraiment les visites politiques de haut niveau à Téhéran, mais n’interdit pas de continuer à commercer avec ce pays.
Téhéran a protesté contre un verdict «politique», accusant le tribunal de Berlin d’avoir agi sous la pression de l’opposition «contre-révolutionnaire» et de ses ennemis de toujours, les Etats-Unis et Israël.
Le gouvernement américain s’est félicité du verdict et a appelé les Européens à «suivre l’exemple» des Etats-Unis en coupant les ponts avec l’Iran, soulignant que le dialogue critique «n’avait pas réussi».
Saluant le «courage du procureur, du juge et des témoins», le porte-parole du département d’Etat Nicholas Burns a estimé que ce verdict «corroborait l’opinion que nous avons de longue date que le parrainage du terrorisme par l’Iran est autorisé par de hauts responsables du gouvernement iranien».
«Seul petit point positif pour le pouvoir, les noms de MM. Khamenei et Rafsandjani n’ont pas été prononcés, même s’il est très clair qu’ils sont visés», note un diplomate à Téhéran.
Les observateurs dans la capitale iranienne attendent avec intérêt la traditionnelle prière du vendredi à l’université de Téhéran, au cours de laquelle les hauts dignitaires du régime commentent traditionnellement l’actualité politique.
L’Iran a annoncé en début de semaine qu’il allait organiser le procès de 24 firmes allemandes accusées d’avoir aidé l’Irak à acquérir des armes chimiques pendant la guerre avec l’Iran (1980-88), sans toutefois donner de date ni mentionner de nom connu.
Le jugement de Berlin est d’autant plus embarrassant pour l’Iran qu’il survient à quelques semaines de l’élection présidentielle du 23 mai, dans un climat politique propice à tous les excès.
L’Iran, «au plus haut sommet de l’Etat», a été accusé jeudi de terrorisme par un tribunal allemand. Cette première mondiale a provoqué une vive tension avec l’Europe. Téhéran a aussitôt expulsé quatre diplomates et rappelé son ambassadeur à Bonn. L’Allemagne à son tour a décidé l’expulsion de quatre Iraniens collaborateurs d’organismes iraniens dans le pays.Le tribunal...