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Actualités - CHRONOLOGIE

A moins d'un mois des législatives britanniques Le labour prend ses distances avec le socialisme

LONDRES, 8 Avril (Reuter). — Avant les élections de 1983, le Parti travailliste britannique promettait d’instaurer une «reconstruction socialiste» s’il accédait au pouvoir.
Le programme du Labour prévoyait de faire sortir le royaume de la Communauté européenne, de renoncer à l’arme nucléaire, de recourir à l’emprunt pour financer un «programme d’action d’urgence» et d’engager d’importantes dépenses pour réduire le chômage.
Face au thatchérisme triomphant, de telles propositions n’avaient pas convaincu, et les travaillistes n’avaient recueilli que 28% des voix et 209 sièges à la Chambre des Communes, contre 397 pour les conservateurs. Un député du Labour, évoquant le programme de son parti, avait parlé de «suicide».
Le manifeste politique du Labour, version 1997, ne fait aucune allusion au socialisme. Le parti de Tony Blair se garde de toute référence à une idéologie jugée aujourd’hui désuète et anachronique. Et le programme qui semble lui ouvrir les portes du 10, Downing Street, est d’un rose bien plus clair que celui de 1983.
La cuisante défaite d’alors a conduit le parti à se moderniser, sous la houlette de Neil Kinnock, de feu John Smith et de Tony Blair.

Aider les pauvres
à s’aider…

Le Labour, qui n’appelle plus au désarmement nucléaire, s’est converti à l’économie de marché et à un strict contrôle des dépenses publiques. Il a même promis de geler le taux d’impôt sur le revenu pendant cinq ans s’il accède au pouvoir.
En 1983, le parti voulait aider les pauvres et les laissés-pour-compte de la croissance. Aujourd’hui, il veut les aider… à s’aider par eux-mêmes. Redistribuer les richesses par le biais d’une forte taxation n’est plus à l’ordre du jour, pas plus qu’une re-nationalisation des services publics privatisés par les Tories.
Pour Tony Blair, le socialisme n’est pas qu’une théorie économique et politique. C’est un «objectif moral», un «ensemble de valeurs», c’est la croyance qu’il faut «réaliser ensemble ce que nous ne pouvons pas réaliser seuls».
Le probable futur premier ministre se dit persuadé que la grande majorité des Britanniques partage les idées du «Nouveau Labour», basées sur ses profondes convictions religieuses personnelles.
Mais l’aile la plus à gauche du Parti travailliste se demande si un tel consensus ne dessert par le parti plutôt qu’il ne le sert. Le Labour ne risque-t-il pas de devenir impossible à distinguer du Parti libéral-démocrate et de l’aile modérée de son rival conservateur?

Nostalgie

Les opposants internes à la nouvelle ligne politique du Labour accusent Blair de se détourner des ouvriers et des classes sociales les plus modestes, qui constituent son électorat traditionnel, pour séduire les classes moyennes.
A ces nostalgiques du Labour d’antan, Tony Blair répond qu’ils ne doivent pas se laisser enfermer par une idéologie, ni avoir une vision trop restrictive d’une idée politique très complexe.
«Le socialisme en tant que forme rigide de déterminisme économique n’existe plus», affirme le responsable travailliste, qui a eu fort à faire pour rénover l’idéologie de son parti tout en conservant le soutien de ses électeurs traditionnels.
«Nos valeurs ne changent pas. Notre engagement pour une vision différente de la société est resté le même. Mais les moyens de réaliser cette vision doivent changer», déclarait-il en 1995.
Et l’aile gauche du parti, à contre-cœur, se tait. Elle sait que quelques mois de silence sont un faible prix à payer pour remporter la victoire après une traversée du désert qui aura duré presque 20 ans. Lorsque Blair sera installé au 10, Downing Street, alors nous pourrons faire entendre plus facilement notre voix, pensent en substance nombre de ces «nostalgiques».
Le virage à droite de Tony Blair n’aura toutefois pas eu lieu sans que des déchirures plus profondes ne fragilisent le Labour. Le leader des mineurs Arthur Scargill, qui a comparé le revirement de Blair et sa conversion au libéralisme à un «pacte avec le diable», a ainsi créé sa propre formation: le Parti travailliste… socialiste.
LONDRES, 8 Avril (Reuter). — Avant les élections de 1983, le Parti travailliste britannique promettait d’instaurer une «reconstruction socialiste» s’il accédait au pouvoir.Le programme du Labour prévoyait de faire sortir le royaume de la Communauté européenne, de renoncer à l’arme nucléaire, de recourir à l’emprunt pour financer un «programme d’action d’urgence» et...