Pour la grande majorité des consommateurs, les services en ligne ne sont qu’un moyen pratique d’accéder à un monde électronique dont ils ignorent les frontières. Seulement 11% des abonnés d’America Online (AOL) connaissent la différence entre les services propres à AOL et les sites ou forums d’Internet.
En plus d’un accès organisé et simplifié à Internet, ces compagnies offrent en fait sur leur propre réseau toutes sortes de services d’information ou de loisirs et d’espaces de discussion.
Ce «contenu original», comme l’appellent les experts, traduit des approches très diverses, souvent héritées de l’avant-Internet.
Robert Pittman, le directeur d’AOL, n’a pas peur des mots et vise «le marché de masse». «La croissance est là», assure-t-il, même si le nombre d’abonnés aux services en ligne est encore loin de représenter un marché de la taille de celui de la télévision.
Un peu plus de 18 millions de personnes étaient en ligne fin 1996, soit un bond de 60% en un an, selon la lettre professionnelle Information and Interactive Services Report. Pendant les trois derniers mois de l’année, 33.000 ont rejoint chaque jour les services en ligne, soit deux fois plus qu’un an plus tôt. A ce rythme, ils seront 12 millions de plus fin 1997.
Plaire au plus
grand nombre
Avec 8 millions d’abonnés, contre 4,5 millions fin 1995, AOL s’arroge la part du lion. Lorsque, en décembre, le service s’est plié à la loi de la tarification plafonnée (19,95 dollars quel que soit le temps de connexion), son réseau a saturé sous la ruée.
Les consommateurs apprécient la facilité avec laquelle ils peuvent circuler dans le service d’AOL et accéder à Internet, remarque la publication spécialisée CNet. Mais, ajoute CNet, ils aiment surtout ses innombrables espaces de discussion, ses services d’information pratique et son kiosque d’actualités fourni.
AOL conçoit ses services pour plaire au plus grand nombre, délaissant le sur mesure que permet la technologie. «Un service à la carte laisse trop de choix au consommateur, et celui-ci finit par en prendre très peu», affirme M. Pittman.
Microsoft Network (MSN), le service du géant des logiciels, a adopté une stratégie semblable. Lancé en août 1995, MSN a tout de suite été pris dans la tourmente du réseau informatique mondial.
L’un après l’autre, les réseaux fermés qu’étaient ces services se sont convertis à Internet. MSN a suivi le mouvement. Grâce à un contenu riche, soutenu par des partenariats avec des géants comme la chaîne de télévision NBC ou les studios Walt Disney, le service de Microsoft espère prendre sa part du grand public.
Bien qu’il soit réputé pour pêcher par manque de fiabilité dans le courrier électronique et l’accès à Internet, MSN revendique plus de 2 millions d’abonnés.
CompuServe, le plus vieux des services en ligne, a abandonné la lutte pour le marché du grand public et cessé en novembre le service introduit sept mois plus tôt pour concurrencer AOL auprès des familles, WOW.
CompuServe a renoué avec ses origines: il avait été lancé en 1969 comme un service aux entreprises. Il vise dorénavant «une audience haut de gamme» de professionnels, qui viennent y chercher «une information fiable», souligne son PDG par intérim, Frank Salizzoni.
Mais CompuServe se débat pour renouer avec les bénéfices, et a vu le nombre de ses abonnés stagner d’un trimestre sur l’autre, à 5,3 millions fin janvier.
Aussi, celui que d’aucuns taxent de «grand-père» des services en ligne a-t-il engagé des négociations en vue d’une fusion avec son grand ennemi, AOL. Car CompuServe dispose d’un atout de taille, face à ses deux plus proches concurrents presque exclusivement américains: il est le seul à disposer d’une clientèle solide dans les marchés prometteurs que sont l’Europe et l’Asie.
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