GAZA, 6 Avril (AFP) — La direction palestinienne a mis en garde le président américain Bill Clinton contre un «embrasement général» dans la confrontation avec Israël, l’appelant à «exercer des pressions sur le gouvernement israélien». De son côté, un responsable palestinien a posé deux conditions à une rencontre au sommet du président de l’Autorité autonome palestinienne Yasser Arafat avec le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu: l’arrêt de la colonisation à Jérusalem et le respect par Israël des accords conclus.
La direction palestinienne a décidé d’envoyer «un message urgent au président américain Bill Clinton pour expliquer la gravité de la situation, qui risque de conduire à un embrasement général en raison des pressions israéliennes extraordinaires dans les domaines militaire, économique et humain», indique un communiqué diffusé par l’agence officielle WAFA.
Le communiqué, publié à l’issue de la réunion hebdomadaire du cabinet palestinien et du Comité exécutif de l’OLP (CEOLP), tenue pendant quatre heures dans la nuit de vendredi à samedi à Gaza sous la présidence de M. Yasser Arafat, rejette sur Israël «la responsabilité totale de la détérioration de l’état de la sécurité dans la région».
Il estime que «cette détérioration est due à la poursuite de la colonisation israélienne et aux violations par Israël» des accords conclus avec les Palestiniens.
«La mort des martyrs, l’absence de sécurité et de stabilité, le blocus et le bouclage israéliens (de la Cisjordanie et de la bande de Gaza), l’encerclement des villes palestiniennes, ainsi que le mouvement des blindés israéliens augurent de conséquences graves», ajoute le texte.
La direction palestinienne a «appelé les Etats-Unis à agir rapidement et à exercer des pressions sur le gouvernement israélien pour stopper la judaïsation de Jérusalem et la colonisation, notamment à Jebel Abou Ghneim, et à appliquer les accords conclus» avec les Palestiniens.
Elle a décidé, en outre, «de poursuivre les efforts diplomatiques et politiques sur le double plan arabe et international pour démasquer la position israélienne».
Le cabinet palestinien et le CEOLP ont décidé «de multiplier les contacts avec l’administration américaine, le président Clinton et le secrétaire d’Etat Madeleine Albright pour expliquer la gravité de la situation, provoquée par la décision d’Israël de torpiller le processus de paix, de judaïser Jérusalem et de la vider de ses habitants arabes».
«La crédibilité des Etats-Unis est à l’épreuve», selon la direction palestinienne.
Le ministre palestinien de l’Education supérieure, Mme Hanane Achraoui, s’est rendue samedi soir à Washington pour tenter de trouver une solution à la crise israélo-palestinienne, a-t-on appris de source palestinienne autorisée.
M. Nabil Abou Roudeina, conseiller de M. Arafat, a indiqué que le leader palestinien accepterait de rencontrer M. Netanyahu «pour sauver le processus de paix, si Israël respecte les accords conclus et arrête les travaux de colonisation à Jebel Abou Ghneim».
Les relations entre Palestiniens et Israéliens se sont gravement détériorées depuis le lancement par Israël, le 18 mars dernier, des travaux de construction d’un onzième quartier juif, baptisé Har Homa, sur la colline de Jebel Abou Ghneim à Jérusalem-Est, la partie arabe annexée de la Ville sainte.
La vague de violence déclenchée depuis lors a fait six morts chez les Palestiniens et trois du côté israélien, alors que les affrontements entre militaires israéliens et manifestants palestiniens sont presque quotidiens en Cisjordanie.