PARIS, 28 Mars (AFP). — Le groupe Lagardère d’une part et le groupe Alcatel allié à Dassault d’autre part ont fait acte de candidature pour la reprise du géant français de l’électronique de défense Thomson CSF, a-t-on appris vendredi auprès des deux groupes.
De son côté, le ministère français des Finances s’est refusé à communiquer la liste des candidats en indiquant que traditionnellement elles ne sont pas rendues publiques lors de leur dépôt.
Ce vendredi midi était la date limite pour le dépôt officiel des candidatures au rachat des 58% de Thomson-CSF détenus par l’Etat, dont la valeur est estimée entre 12 et 14 milliards de francs (2,1 et 2,4 mds USD).
Les industriels, dont la candidature aura été jugée recevable par le gouvernement — qui devrait se prononcer dès la semaine prochaine —, auront encore six semaines pour peaufiner leurs dossiers et leurs alliances. La date limite de remise des offres définitives est fixée au 7 mai.
Pour l’instant seuls les français Alcatel et Lagardère (Matra) ont déclaré publiquement qu’ils seraient candidats.
Aucun autre candidat, notamment étranger, ne s’est manifesté au cours des dernières semaines. Mais de nombreuses rumeurs ont fait état de diverses possibilités, comme celle d’une candidature du groupe britannique GEC.
Alcatel et Lagardère s’étaient déjà affrontés à l’automne, lors d’une première tentative de privatisation en bloc du groupe Thomson SA (Thomson-CSF et la branche d’électronique grand public Thomson Multimédia): le gouvernement avait d’abord tranché en faveur de Lagardère, avant qu’un avis négatif de la commission de privatisation ne fasse avorter toute l’opération.
Pour ce nouvel essai, centré sur les seules activités d’électronique de défense de Thomson, Lagardère a affirmé que son projet industriel ne serait «pas fondamentalement différent». Matra, qui bénéficie de solides alliances avec British Aerospace et GEC, veut créer avec son mariage avec Thomson-CSF un groupe pesant 60 milliards de francs, capable de rivaliser avec les géants américains de l’armement comme Lockheed-Martin ou Hughes-Raytheon.
Alcatel, qui a renoué avec les bénéfices en 1996, affiche des ambitions plus larges encore: 60 milliards de FF (1FF= 0,175 USD) de chiffre d’affaires dans la défense, adossés à 130 milliards d’activités civiles. Pour l’emporter il s’est allié avec Dassault et a prévu un rôle important pour le groupe public Aerospatiale de s’allier directement à l’un des candidats.