Selon le rapport de 19 pages publié à l’issue de l’audience par le juge fédéral Donna McGillis, Hani Abdel Rahim Hussein Al-Sayegh, 28 ans, arrêté il y a plus d’une semaine à Ottawa par la police canadienne, est notamment accusé d’avoir participé aux repérages précédant l’attentat au camion piégé.
Ce document, basé sur le rapport présenté par les services secrets canadiens au cours de l’audience, affirme également que M. Al-Sayegh faisait partie d’un groupe d’intégristes chiites séoudiens nommé le «Hezbollah séoudien».
Selon ce document, cet homme a été repéré en train de surveiller la base avant l’attentat et conduisait un véhicule suspect signalé aux alentours de cette base américaine juste avant l’explosion.
Victime de
«persécutions
religieuses»
Ces mêmes documents affirment que M. Al-Sayegh est arrivé sur le territoire canadien en août 1996, soit moins de deux mois après l’attentat, au terme d’un périple qui l’a conduit au Koweït, en Italie et aux Etats-Unis. Une fois au Canada, il a demandé le statut de réfugié, arguant qu’il était victime dans son pays de persécutions religieuses.
Selon les services de renseignement canadiens (CSIS), cette demande n’était qu’une manœuvre visant «à éviter sa mise en cause et son arrestation par les autorités séoudiennes».
Dans son rapport, le CSIS a recommandé l’expulsion de M. Al-Sayegh, expliquant qu’il était susceptible de participer à d’autres actes de violences terroristes et que le Canada ne devait pas être considéré comme une base arrière pour les terroristes.
Dans un entretien récemment rendu public, Al-Sayegh a nié toute participation à l’attentat de Dhahran, expliquant qu’il avait été arrêté à cause de son opposition au gouvernement séoudien. «Je faisais partie d’un mouvement politique qui demandait l’instauration de la démocratie en Arabie Séoudite et nous sommes poursuivis parce que ce gouvernement n’accepte pas la démocratie», a-t-il déclaré.
L’autre Séoudien actuellement détenu par les autorités canadiennes et soupçonné d’être impliqué dans le même attentat, Bandar Ben Fahd Al-Chehri, 21 ans, a lui comparu mercredi à huis clos devant les services de l’immigration canadienne.
Selon des sources judiciaires, les autorités d’Ottawa reprochent à M. Al-Chehri, arrêté dans la capitale canadienne en décembre dernier, d’être impliqué dans des activités terroristes et d’être entré au Canada sans visa d’immigration.
A l’issue de l’audience, son avocat, Doug Baum, avait fait part de son étonnement devant cette affaire alors que son client «n’est pas recherché par les autorités séoudiennes». «Autant que je sache, il n’est pas non plus recherché par les autorités américaines», avait-il ajouté.
L’attentat contre la base aérienne américaine d’El-Khobar, près de Dhahran dans l’est de l’Arabie Séoudite, avait fait 19 morts parmi les soldats américains le 25 juin 1996 et plus de 300 blessés.