Situées en plein désert, à 70 km au nord de la ville de Chendi et 220 km de Khartoum, la quarantaine de pyramides, où sont ensevelis les rois et nobles méroïtes (592 avant J.C. — 350 de notre ère), offrent un spectacle impressionnant avec leurs pierres en grès noir et leurs sommets écimés.
«Dans sa recherche éperdue de trésors, l’explorateur italien Ferlini qui arriva ici autour de 1820 avec l’armée turco-égyptienne de Mohamed Ali, a décapité les pyramides royales», a déclaré le professeur Friedrich Hinkel, du Musée de Berlin.
M. Hinkel qui œuvre au Soudan depuis une trentaine d’années, se désole de «la rapide érosion des pyramides» dont il a dirigé la restauration de 1976 à 1988, sous les auspices de la Direction générale des antiquités du Soudan.
«Contrairement à d’autres sites, aucune colline ou montagne ne protège ces pyramides des vents qui le grignotent rapidement», ajoute-t-il.
Les pyramides soudanaises diffèrent en forme et en taille de celles d’Egypte. Moins colossales, les plus grandes sont précédées de chapelles d’un style influencé par l’époque ptolémaïque égyptienne (323 à 30 av. J.C.).
Une rampe encore visible se trouve devant les plus imposantes pyramides érigées sur trois niveaux, qui appartenaient aux rois, puis plus bas s’alignent une dizaine de pyramides de hauts fonctionnaires.
Les bas-reliefs de la nécropole représentent les rois flanqués du dieu-lion soudanais Apedemek, supposé insuffler la force aux souverains méroïtes. La déesse Isis et le dieu Amon à la tête de bélier sont omniprésents et une chapelle montre une autre divinité égyptienne, Maat, déesse de la vérité, avec ses bras ailés.
Visages arrachés
Les visages ont été arrachés par des voyageurs en quête de souvenirs ou par des trafiquants d’antiquités avant que les autorités soudanaises ne commencent à protéger le site dans les années 70.
A l’ouest de la nécropole, deux béliers aux boucles de laine soigneusement sculptées continuent à garder l’entrée de l’ancienne cité royale de Méroé actuellement en ruines et où vécurent ces souverains célèbres à l’ère gréco-romaine pour leur prospère industrie du fer et leur agriculture avancée.
La piscine est demeurée intacte avec ces rangées de têtes de lion dont les gueules déversaient l’eau dans le bassin.
Des restes du trône demeurent et le billot de décapitation défie macabrement les siècles.
Plus loin, à 55 km au sud-ouest de Chendi, se dresse le temple de Naga et son kiosque romain également maltraité par le temps.
«Ici, les falaises abritent légèrement le site, mais ce n’est pas suffisant, les sables mangent littéralement les pierres», explique le professeur Hinkel.
Edifié par le roi Nétékamani (1er siècle de notre ère), l’entrée du kiosque représente le roi et son épouse Amanitare, brandissant leur épée pour décapiter des prisonniers.
«Malgré l’influence égyptienne, les traits et les volumineux bijoux montrent des aspects typiques comme la courbe caricaturalement large du bassin de la reine», souligne M. Hinkel.
Le professeur Karla Kroeper, membre de la mission du Musée de Berlin, qui a commencé les travaux de fouilles et de restauration depuis deux ans sur le site de Naga, souligne «l’importance historique» de ces vestiges.
«Ce site n’a pas encore livré tous ses secrets, et la période méroïtique demeure mystérieuse car son écriture, proche des hiéroglyphes, n’a pas encore été totalement déchiffrée», indique-t-elle.
«Personne ne connaît la raison qui a poussé ces rois à construire cette importante ville en plein désert. En plus des puits, ils retenaient l’eau des pluies dans des bassins, appelés hafirs, entourés de monticules de sable», explique Mme Kroeper.
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