WASHINGTON, 16 Mars (AFP). — Le ministre russe des Affaires étrangères, Evgueni Primakov, a eu samedi un peu plus de deux heures d’entretiens à Washington avec le secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright centrés sur l’élargissement de l’OTAN.
Aucune information n’a filtré sur ces discussions, qui devaient porter en particulier sur la demande de Moscou que les alliés ne déploient pas d’infrastructures militaires sur le territoire des pays d’Europe de l’Est qui adhèreront à l’Alliance.
L’OTAN a fait un geste en ce sens vendredi en annonçant qu’elle n’estimait pas nécessaire pour l’instant de stationner en permanence de nouvelles troupes en Europe. Mais elle n’entend pas prendre d’engagement contraignant sur ce point malgré les pressions russes.
Le porte-parole du département d’Etat Nicholas Burns a estimé que cette concession des alliés devrait dissiper tout malentendu sur les projets de l’OTAN», une allusion aux craintes de Moscou.
Il a cependant précisé qu’elle n’empêcherait pas de «répondre rapidement et de manière décisive à toute menace pour la sécurité des membres actuels et futurs de l’Alliance», c’est-à-dire d’envoyer des troupes pour protéger les nouveaux membres si besoin est.
Avant de gagner le département d’Etat, M. Primakov avait fait une escale impromptue de plus d’une heure à l’ambassade russe à Washington, sans doute pour contacter le Kremlin sur des lignes téléphoniques protégées.
Sa visite de trois jours vise à préparer le terrain pour un sommet américano-russe à Helsinki, mercredi et jeudi.
Le président russe Boris Eltsine avait haussé le ton vendredi en réitérant les conditions très strictes que la Russie veut mettre à l’extension de l’OTAN jusqu’à ses frontières.
Il avait exigé notamment qu’aucun pays de l’ex-Union Soviétique — les trois Etats baltes et les pays membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI) — n’adhère à l’Alliance, «sous quelque forme que ce soit». Un responsable américain avait immédiatement rejeté ces conditions.
La rencontre d’Helsinki est censée préparer le terrain au sommet de l’OTAN à Madrid début juillet au cours duquel les alliés lanceront formellement des négociations d’adhésion avec un premier groupe de pays. La Pologne, la République tchèque et la Hongrie sont les candidats les mieux placés.