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Actualités - CHRONOLOGIE

Grands lacs : Kisangani, la ville imprenable, est tombée

GOMA (Zaïre), 16 Mars (AFP). — Les rebelles zaïrois ont annoncé la prise de la ville stratégique de Kisangani (est) «après cinq heures de combats acharnés». A Kinshasa, le gouvernement zaïrois et l’état-major des forces armées ont observé le mutisme le plus total après les déclarations des rebelles. La radio nationale (officielle) n’a fait aucune mention de l’événement, qui alimentait rumeurs et inquiétudes dans la capitale.
La radio des rebelles, «la Voix du peuple», a déclaré que les combats à Kisangani ont opposé «l’Armée de libération du Congo» (ALC, rébellion) aux Forces armées zaïroises (FAZ, gouvernementales) appuyées par les anciennes Forces armées rwandaises (ex-FAR, hutues) et des miliciens hutus rwandais «Interahamwes». Les rebelles avaient d’abord annoncé la capture de l’aéroport, à 17 km de Kisangani.
De son côté, le chef de la rébellion, Laurent-Désiré Kabila, a une nouvelle fois refusé d’observer un cessez-le-feu avant des négociations directes avec le régime de Kinshasa.
Lors d’une conférence de presse à Goma (est), il a exprimé sa volonté d’«aller jusqu’à Kinshasa», démentant ainsi vouloir une «partition» du pays. Il a aussi appelé le président Mobutu Sese Seko à «déposer le pouvoir immédiatement et à négocier» avec la rébellion.
Selon M. Kabila, des militaires français ont participé aux combats aux côtés des troupes gouvernementales à Kisangani. «Nous avons des preuves» de l’implication dans les combats de militaires français qui «se disent instructeurs», a-t-il affirmé.
«Le gouvernement français a toujours été impliqué. Vous avez entendu les déclarations (du président français, Jacques) Chirac. Chirac est plus soucieux du Zaïre que les Zaïrois eux-mêmes», a ironisé M. Kabila.
Un Occidental à Kisangani, interrogé depuis Paris au téléphone, a confirmé l’entrée des rebelles dans cette ville, dernier fief tenu par les forces gouvernementales dans l’est du pays. Les premiers rebelles ont pénétré dans la capitale du Haut-Zaïre en début d’après-midi et y ont été accueillis par des cris de joie, a ajouté ce témoin qui a requis l’anonymat.
La chute de Kisangani constitue un sérieux revers pour le premier ministre Kengo Wa Dondo qui prédisait mercredi que la ville ne tomberait pas.
Aucun des quelques dizaines de mercenaires, serbes pour la plupart, qui défendaient l’aéroport de la ville, n’était visible après les combats.
Aucun combat ne semble avoir eu lieu à l’entrée de la ville, abandonnée depuis vendredi soir par les responsables militaires, selon le témoin européen à Kisangani.
Après la prise de la ville, alors que des militaires zaïrois pillaient les dépôts alimentaires et les magasins, plusieurs tirs d’artillerie ou de mortiers avaient résonné.
Une quinzaine d’Occidentaux, parmi lesquels un diplomate français, deux journalistes et plusieurs représentants d’organisations humanitaires ont été évacués par un avion militaire français venu de Bangui, où la France a une base. Plusieurs Européens, dont des religieux, sont restés dans la capitale du Haut-Zaïre.
Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) a quant à lui suspendu tous les vols de ses avions apportant des vivres à Kisangani, selon sa porte-parole Michele Quintaglie.
Ces vivres devaient par la suite être acheminés par train à 120 km plus au sud à Ubundu, où se trouvent plus de 100.000 réfugiés.
Sur le plan diplomatique, l’envoyé spécial de l’ONU et de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) dans les Grands Lacs, Mohamed Sahnoun, a quitté Goma après trois heures et demie de discussions avec Laurant-Désiré Kabila.
A Paris, le premier ministre français Alain Juppé a assuré à la télévision que la France n’avait «pas l’intention de recommencer une opération purement franco-française» au Zaïre, comme elle l’avait fait au Rwanda en 1994. Il a de nouveau plaidé pour la constitution d’une force multinationale au Zaïre.
La France n’a pas réussi cette semaine à convaincre ses partenaires de l’Union européenne (UE) de soutenir son initiative en faveur d’une opération humanitaire internationale pour les réfugiés de l’est du Zaïre.
A Kinshasa, les ambassades occidentales ont donné des consignes de sécurité à leurs ressortissants pour observer la plus grande prudence dans leurs déplacements, notamment nocturnes, dans la capitale.
GOMA (Zaïre), 16 Mars (AFP). — Les rebelles zaïrois ont annoncé la prise de la ville stratégique de Kisangani (est) «après cinq heures de combats acharnés». A Kinshasa, le gouvernement zaïrois et l’état-major des forces armées ont observé le mutisme le plus total après les déclarations des rebelles. La radio nationale (officielle) n’a fait aucune mention de l’événement,...