L’attaque a été perpétrée à première vue par un soldat jordanien isolé. Mais, comme des massacres comparables commis par des Arabes ou des Israéliens au cours des dernières années, un tel acte ne peut être séparé du contexte général.
Les sept adolescentes ont été abattues à bout portant par un militaire qui a vidé le chargeur d’un fusil automatique M-16 dans leur direction. Cinq autres filles ont été blessées, ainsi qu’une enseignante.
Les sept écolières ont été enterrées jeudi soir dans la ville de Beth Shemesh, en présence notamment du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
L’attentat s’est produit en territoire jordanien, à Bakoura, une parcelle de territoire que les Israéliens — qui l’appellent Naharaïm — exploitent en vertu de l’accord de paix entre les deux Etats.
Les Israéliens peuvent aller et venir librement dans ce secteur qui avait été occupé par l’Etat hébreu en 1948 et est très prisé des visiteurs en raison de la beauté de ses paysages.
Israël a aussitôt lié le drame aux «attaques» dont il est l’objet depuis plusieurs jours.
«Les attaques verbales et les menaces contre Israël se traduisent ensuite par des actes meurtriers», a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères David Lévy à la radio publique.
Il a mis en garde par la même occasion la direction palestinienne contre le risque de ce que des extrémistes prennent exemple sur le soldat jordanien.
L’Autorité palestinienne qui a condamné l’attaque, l’a également liée à l’impasse du processus de paix rejetant, ainsi, implicitement la responsabilité sur Israël.
«L’instabilité qui règne dans la région et les provocations qui se sont produites créent un climat propice à ce type d’incident regrettable», a déclaré le ministre palestinien de l’Education supérieure, Mme Hanane Achraoui.
Le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat a téléphoné au président israélien Ezer Weizman et à M. Netanyahu «pour exprimer (ses) condoléances aux familles des victimes et l’espoir d’un prompt rétablissement aux blessées».
Il s’agissait du premier contact entre MM. Arafat et Netanyahu depuis l’annonce par le premier ministre israélien, il y a deux semaines, de la construction d’un nouveau quartier juif dans la partie arabe annexée de Jérusalem.
Une légère
détente
Une légère détente s’était par ailleurs produite jeudi entre Israéliens et Palestiniens avant l’attentat.
Un porte-parole de Yasser Arafat avait annoncé que le président de l’Autorité palestinienne serait prêt à rencontrer M. Netanyahu pour trouver une «solution satisfaisante» à la crise entre les deux parties.
De son côté, le roi Hussein de Jordanie a écourté un voyage en Espagne, témoignant ainsi de l’importance qu’il attache à cette affaire. De retour à Amman, il a estimé que cet attentat n’était «pas politique», mais qu’il s’agissait d’un «crime ignoble».
Il a souligné que tout serait mis en œuvre pour éclaircir les circonstances de cette attaque qui «porte atteinte à l’armée et au peuple jordaniens».
A bord de l’avion qui le ramenait à Amman, le roi Hussein avait téléphoné à M. Netanyahu pour lui exprimer ses condoléances.
Le souverain hachémite, l’un des rares dirigeants arabes à avoir crédité d’un préjugé favorable M. Netanyahu à la suite de son élection en mai 1996, avait adressé dimanche un message au ton très dur au premier ministre israélien, l’accusant de «détruire le processus de paix».
Les Nations Unies ont déploré cet attentat, tandis que l’Union européenne exprimait sa tristesse et sa consternation.
Les Etats-Unis, l’Egypte, la Grande-Bretagne, l’Espagne et la France ont également condamné l’attaque, estimant que celle-ci prouvait l’urgence d’un règlement des questions en suspens.
Le président Bill Clinton a notamment estimé que rien ne permettait de dire que cette attaque était liée au processus de paix: «Les dirigeants de la région doivent maintenant s’employer à apaiser la situation, à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour créer une atmosphère où la violence est rejetée et non pas acceptée».
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