Outre les conflits en Angola et en Ethiopie, des militaires cubains ont mené des opérations secrètes notamment en Algérie, Argentine, Bolivie, Congo Belge, Guinée-Bissau, Nicaragua, Syrie, Tanzanie, Venezuela et Yémen.
Sous le titre «Secrets de Généraux», le journaliste cubain Luis Baez, recueille des confidences de 41 officiers de la haute hiérarchie militaire du pays. Ceux-ci donnent des détails, pour la plupart inédits, sur des épisodes de ce qui est appelé à Cuba des «missions internationalistes».
La décision de lever le secret a été prise officiellement et «le haut-commandement a sélectionné» les officiers interrogés par le journaliste. L’avant-propos est d’ailleurs signé par le ministre des Forces armées Raul Castro lui-même. Ce dernier est le propre frère du chef de la Révolution cubaine et son successeur désigné à la tête de l’Etat.
Le livre révèle notamment qu’une brigade de blindés cubains a étouffé en Angola la révolte d’une unité militaire et a occupé la radio aux mains des mutins, faisant ainsi échouer une tentative de coup d’Etat du premier ministre Nito Alves contre le président de l’époque Agostinho Neto.
Des militaires cubains ont également réprimé un soulèvement au Congo contre Alphonse Massemba Débat.
Une brigade cubaine de blindés a été envoyée en Syrie (sans cependant y combattre) à la demande du président Hafez El-Assad qui craignait une invasion israélienne.
Le livre révèle également ce qui est sans doute la première mission militaire cubaine à l’étranger: en 1963, des soldats et des blindés ont été envoyés en Algérie à la demande du président algérien de l’époque Ahmed Ben Bella.
Le général de corps d’armée Abelardo Colomé Ibarra, actuellement ministre de l’Intérieur, lève un coin du voile sur ses opérations clandestines en Argentine et Bolivie (où il était entré en 1962 avec un passeport algérien) pour soutenir la guérilla du «Commandant Second», le journaliste argentin Jorge Ricardo Massetti, fondateur de l’agence cubaine de presse Prensa Latina.
L’actuel chef d’état-major des Forces armées, le général de division Ulises Rosales del Toro, confie également avoir combattu comme guérillero au Venezuela, ce qui n’avait encore jamais été reconnu officiellement.
Les allusions aux tensions entre militaires cubains et conseillers soviétiques sont légion dans l’ouvrage mais trouvent leur expression la plus explicite dans le commentaire du général de division Leopoldo Cintra Frias qui affirme: «Les Soviétiques n’ont jamais pu nous contrôler bien qu’ils l’aient tenté plus d’une fois».
«Il y a au monde trois armées incontrôlables: les Sud-Africains, les Israéliens et les Cubains», assure encore le général Cintra Frias qui joua un rôle important dans la guerre en Angola et est actuellement chef de la région militaire occidentale incluant la province de La Havane.
Au total le livre recueille les confidences d’un général de corps d’armée, de 13 généraux de division, d’un vice-amiral et de 26 généraux de brigade (dont l’un est une femme).
L’ensemble de leurs biographies, en dépit des particularités de chacun, dessine le profil des hauts chefs militaires cubains: 34 des 41 interrogés ont lutté dans la guérilla castriste contre Fulgencio Batista jusqu’à la fuite du dictateur le 1er janvier 1959.
L’un d’eux avait cependant tout d’abord participé aux combats, dans l’autre camp: le général de brigade José Quevedo, qui avait fait ses études à l’académie militaire américaine de West Point, commandait une unité combattant la guérilla mais, battu, il s’était rendu et s’était joint ensuite à la rébellion.
Deux autres des officiers interrogés étaient également militaires avant la révolution castriste. Le général de division Enrique Carrerars était pilote de l’aviation et fut arrêté pour conspiration contre Batista. Il participa dans les rangs castristes à la bataille aérienne lors du débarquement américain en 1961 à la Baie des Cochons. De même, le général de brigade José Ramon Fernandez (militaire également arrêté par le régime de Batista) commanda des troupes révolutionnaires à la Baie des Cochons. Longtemps ministre de l’Education, il est aujourd’hui l’un des vice-présidents du Conseil d’Etat.
Parmi les autres, cinq furent de célèbres commandants de la guérilla des «barbudos», huit suivirent les cours d’écoles militaires soviétiques, dont l’académie Voroshilov. Vingt-sept prirent part aux combats en Angola ou y assumèrent des tâches logistiques. Six combattirent en Ethiopie. Quinze effectuèrent des missions «internationalistes» dans d’autres pays.
Dix-huit des 41 officiers interrogés ont moins de 60 ans (le plus jeune a 51 ans) et cinq ont plus de 70 ans (le plus âgé a 74 ans).
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