Ces services «vendent Internet en montrant comment le réseau peut améliorer votre vie», soulignait Kerry Bradford, directeur de Sega Online, lors d’une conférence sur les services en-ligne grand public, cette semaine à New York.
Aussi le réseau mondial abrite-t-il de plus en plus de sites d’information à l’échelle d’une ville. «Tout le monde veut faire du service local», remarque Mark Mooradian, analyste de la firme conseil Jupiter Communications.
Journaux, radios et télévisions, groupes industriels ou tout jeunes services nés pendant l’effervescence des trois dernières années, tous visent le juteux marché de la publicité locale, qui représente, rien qu’aux Etats-Unis, entre 60 et 80 milliards de dollars par an.
Microsoft s’apprête à lancer Sidewalk («trottoir»), «service destiné à aider les gens à gérer leur temps de loisir» en alliant ressources éditoriales et renseignements pratiques sur les spectacles, concerts, rencontres sportives, restaurants et magasins d’une ville donnée, indique Peter Higgins, directeur du groupe pour les médias interactifs.
Le mois prochain, Sidewalk ouvrira à Seattle, la ville du numéro un mondial des logiciels. A la fin de l’année, le service devrait couvrir une dizaine de villes américaines. Il faut un micro-ordinateur pour y accéder.
Philips, le géant néerlandais de l’électronique, teste aux Pays-Bas un service local, consultable depuis son téléphone-Internet. «Nous donnons accès à de l’information sur mesure, afin que le consommateur n’ait pas à se débrouiller tout seul dans une jungle d’informations», déclare Gerrit Schipper, responsable des services grand public.
Le but ultime, pour M. Shipper, est de faire disparaître Internet aux yeux des consommateurs, de réduire le réseau à «un simple conduit pour des choses de tous les jours: service de messages téléphoniques, courrier électronique, services financiers, annuaires, renseignements divers».
La compagnie californienne de téléphone, Pacific Telesis, le câblo-opérateur US West, ou le service en-ligne America Online (Digital City) ont lancé des services similaires. A terme, ils espèrent également se poser en canal de distribution pour les marchands locaux.
Réservoir de connaissance
Ces services se sont alliés à la presse locale et à son réservoir de connaissance humaine. De leur côté, les journaux espèrent par ces accords de partenariat reprendre une part du gâteau publicitaire.
Au ciblage géographique, les médias nationaux préfèrent des groupes d’intérêt commun. MSNBC, site Internet doublé d’une chaîne télévisée d’information en continu (alliance Microsoft/NBC), cherche ainsi à «impliquer l’audience dans une communauté», explique son rédacteur en chef, Merrill Brown.
MSNBC organise par exemple des interviews en-ligne de célébrités, auxquelles les spectateurs sont invités à participer. Il y a quelques semaines, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’était prêté à l’exercice, qui a généré nombres de discussions sur le forum du site.
Une telle concentration d’individus autour de thèmes précis attire les annonceurs. La maison d’édition Reader’s Digest vend ainsi une approche marketing «individu par individu» des lecteurs de ses différentes revues électroniques (jardinage, bricolage, décoration d’intérieur, couture, etc.).
Afin de renforcer davantage la personnalisation de leur service, les médias ont recours à la technologie dite «push», qui permet d’acheminer les informations vers les usagers, en fonction de leurs centres d’intérêt, au lieu que ce soit à ces derniers d’aller la chercher.
Pour CNN, une telle possibilité est indispensable à la fidélisation d’une audience en-ligne, souligne un de ses responsables, Harry Motro. «Avec la masse d’informations que nous fournissons, affirme-t-il, il est très important de pouvoir la canaliser».
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