«Ce qu’il faut, c’est un programme réfléchi de mesures de lutte contre la crise, y compris dans le domaine de la santé, estime Nikolaï Guérassimenko du groupe Régions de Russie (centre-gauche), dans un entretien accordé au quotidien libéral d’opposition «Nezavissimaïa Gazeta».
«Quand l’économie s’effondre et que l’Etat n’a pas de conception sur la façon dont il doit évoluer, il n’a que faire de la santé publique. Or, celle-ci empire de manière catastrophique», selon lui.
Selon le ministre de la Santé, Tatiana Dmitrieva, la morbidité a atteint un tel degré chez les jeunes Russes qu’elle pourrait bientôt entraîner une forte chute de la natalité.
Plus de la moitié de la population d’âge scolaire souffre d’affections chroniques, «y compris de maladies vénériennes», a-t-elle dit la semaine dernière, selon l’agence RIA-Novosti.
Manque de vitamines oblige, une femme enceinte sur trois souffre d’anémie et cette proportion atteint 50% chez les mères qui allaitent, a-t-elle ajouté lors d’une conférence de presse.
L’espérance de vie est en baisse, surtout chez les hommes où elle est, en moyenne, de 58,3 ans.
«La natalité a brusquement baissé tandis que la mortalité est brusquement montée. Et celle-ci touche la population active», constate Nikolaï Guérassimenko.
Selon les chiffres communiqués en août par l’Académie de médecine de Russie, la natalité plafonne actuellement à neuf pour 1.000, tandis que la mortalité est de 15 pour 1.000.
A l’échelle mondiale, ces chiffres sont respectivement de 26 pour 1.000 et neuf pour mille.
«Cernés»
«Les Russes sont «cernés» par les maladies. Y compris par celles dont ils avaient oublié l’existence: typhus, tuberculose, syphilis (…). On relève des signes avant-coureurs menaçants qui pourraient présager une possible épidémie de peste. Le virus du Sida se promène librement dans le pays», relève le député.
Dans un entretien accordé à l’agence Interfax, l’un des responsables de la lutte anti-Sida estimait que le virus HIV se propageait «à vitesse géométrique».
«En 1995, il y avait une personne contaminée pour 10.000 habitants. En 1996, cette proportion était dix fois supérieure», soulignait le Pr Vladimir Pokrovski, ajoutant qu’il interprétait ces chiffres comme «le début d’une épidémie».
Selon lui, 2.903 porteurs du virus ont été recensés à ce jour en Russie. Ils étaient 1.157 en mai dernier.
En 1996, la santé a représenté environ six pour cent des dépenses budgétaires globales, soit 3.700 milliards de roubles (740 millions de dollars), indique-t-on au ministère concerné.
Si Nikolaï Guérassimenko se félicite que le budget de la santé ait été augmenté de 800 milliards de roubles cette année, il estime néanmoins que les pouvoirs publics ne font pas assez pour sortir le secteur de la crise.
«On ne peut pas dire que nous ayions obtenu du président et du gouvernement qu’ils s’intéressent sérieusement à la santé de la population», dit-il avant d’appeler à une meilleure répartition des deniers publics.
«On construit de nouveaux monuments, des chemins de fer à grande vitesse et des villes souterraines alors que les services de lutte contre la tuberculose infantile ferment, faute d’argent, et que les hôpitaux manquent du plus élémentaire: pansements, scalpels, antiseptiques. Avant d’entrer en clinique, les futures mères sont priées de se munir de draps, de couvertures, de nourriture et de médicaments», dit-il.
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