La rivalité entre les dirigeants des deux principaux partis de la coalition Ensemble, le président du Parti démocrate (DS) Zoran Djindjic, élu vendredi premier maire non communiste de Belgrade depuis un demi-siècle, et Vuk Draskovic, chef du Mouvement serbe de renouveau (SPO), a dégénéré le soir même en un conflit ouvert qui a entaché la «fête de la victoire» de l’opposition.
Devant 100.000 personnes rassemblées dans le centre-ville, Vuk Draskovic n’a pu cacher sa rancœur contre celui qu’il soupçonne de vouloir tirer tous les bénéfices d’une lutte commune contre le régime.
Visant le nouveau maire, il a lancé: «Si ce pouvoir n’est pas bon, nous le changerons dans un mois ou deux».
«Le pouvoir ne doit jamais oublier», a-t-il dit, «qu’il doit tout à ses électeurs». «Ceux qui ont pris le pouvoir doivent redescendre sur terre et affronter la réalité», a-t-il ajouté.
Vuk Draskovic avait menacé de boycotter le rassemblement, craignant qu’il ne se transforme en une fête à la gloire du nouveau maire et qu’il avait comparée au «couronnement de (l’empereur centrafricain) Bokassa».
«J’ai peur que nous ayons succombé à une vieille maladie», a-t-il poursuivi en invitant la foule à s’abstenir de toute «idôlatrie».
Zoran Djindjic s’était rendu place de la République entouré de gardes du corps et, pour la première fois, des barrières métalliques avaient été dressées entre la tribune et la population.
«Pourquoi ces barrières? Pourquoi ce service de sécurité? Que tu sois président de la commune, de la ville, de la République, si tu as besoin d’un service de sécurité, tu n’es pas fait pour te mêler au peuple», s’est écrié Vuk Draskovic.
Zoran Djindjic, de son côté, ne fait plus mystère des risques de désintégration de la coalition Ensemble qui réunit le SPO, le DS et l’Alliance civique (GS) de Mme Vesna Pesic, une alliance électorale créée à l’automne dernier.
«En entrant dans la coalition, nous avons accepté certains compromis. Tout fonctionnera tant que les entraves mutuelles ne deviendront pas trop importantes», a-t-il déclaré dans une interview publiée par le quotidien «Dnevni Telegraf».
«Pour le moment, tout fonctionne. Lorsque nous cesserons notre coopération (...), ce sera une décision rationnelle», a-t-il ajouté.
Les divergences au sein de la coalition augurent mal d’une action concertée de l’opposition à l’approche des élections présidentielle et législatives prévues en décembre, où se jouera l’avenir politique de Slobodan Milosevic.
Les négociations entre les trois partis pour la mise au point d’un accord de partage du pouvoir ont été ardues. Un accord signé jeudi prévoit que le candidat présidentiel sera issu du SPO, celui au poste de premier ministre désigné par le DS et le candidat au perchoir du Parlement choisi par le GSS.
Mais selon le quotidien pro-gouvernemental «Politika Ekspres», qui tirait en première page «Djindjic abandonne Draskovic», le chef du DS aurait fait savoir à son rival que le SPO devrait se présenter seul aux élections générales car «en décembre la coalition Ensemble n’existera plus».
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