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Actualités - BIOGRAPHIE

Peu importe la couleur du chat, pourvu qu'il attrape des souris (photo)

PEKIN, 20 Février (AFP). — Deng Xiaoping, le dernier empereur de la dynastie communiste chinoise, restera dans l’histoire comme l’artisan de la modernisation de la Chine.
De petite taille (1,60 m), le regard vif, le sourire jovial, il était doué d’une intelligence et d’une habileté politique redoutables. Limogé à deux reprises par Mao Tsé-toung, qui lui vouait cependant une réelle admiration, Deng est toujours parvenu à revenir au premier plan de la scène politique.
Le couronnement de sa carrière aura été en 1993 l’inscription dans la Constitution de sa théorie de «l’économie de marché socialiste», qui a effacé les derniers vestiges du maoïsme et présidé au miracle économique chinois.
Préférant agir dans la discrétion, Deng avait abandonné toute fonction officielle depuis mars 1990 et, comme les empereurs jadis, gouvernait «derrière le rideau», arbitrant les grandes décisions directement ou par l’intermédiaire de son clan.
Audacieux en matière de réforme économique, il était resté en revanche ultra-conservateur sur le plan des libertés politiques, convaincu que le niveau de développement de la Chine était encore insuffisant pour supporter un régime démocratique. Sa crainte du désordre devait le conduire en juin 1989 à lancer l’armée contre les étudiants de la place Tiananmen, qui avaient osé le défier.
Deng Xixian — il changera de prénom quelques années plus tard — était né le 22 août 1904 dans la famille d’un propriétaire terrien de la province du Sichuan (sud-ouest).
A 16 ans, il s’embarque pour la France dans le cadre d’un programme études-travail. Il y fait surtout de l’agitation politique et y rencontre Chou En-lai, le futur premier ministre. Il adhère au Parti communiste chinois (PCC) en 1924 puis part à Moscou étudier le marxisme.

La «Longue Marche»

A son retour en Chine, Deng s’engage dans la lutte clandestine après l’écrasement des communistes par le Kuomintang à Shanghaï en 1927. Il prend alors le nom de guerre de Deng Xiaoping.
Combattant courageux, il participe aux côtés de Mao à la Longue Marche (1934-35), puis à la guerre sino-japonaise (1937-45). Ses brillants états de service lui assureront tout au long de sa carrière le respect et le soutien de l’armée.
Entré au comité central du PCC en 1945, il connaît une ascension fulgurante après l’instauration de la République populaire en 1949. En 1952, il est vice-premier ministre et ministre des Finances. Deux ans plus tard, il devient secrétaire général du parti et en 1955 accède au cercle très fermé du puissant bureau politique.
Mais dès le début des années soixante, ses positions pragmatiques — il se plaît à répéter que «peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, pourvu qu’il attrape des souris» — et son indépendance d’esprit lui valent quelques inimitiés au sein d’un parti entièrement à la dévotion de Mao.
L’ouragan de la Révolution culturelle qui s’abat sur la Chine au printemps 1966 ne va pas l’épargner, malgré ses appuis au sein de l’armée et du parti.
Accusé par les Gardes rouges d’avoir «emprunté la voie capitaliste», il est démis de toutes ses fonctions et envoyé comme ouvrier dans une usine de réparation de tracteurs du Jiangxi (sud-est). Au cours de ces années de violences, il ne devra la vie sauve qu’au respect que lui portent Mao et Chou En-lai.
En 1973, il récupère son poste de vice-premier ministre, est nommé chef d’état-major de l’armée et assure de facto la direction du gouvernement pendant la maladie de Chou. Mais à sa mort en janvier 1976, la Bande des Quatre parvient à l’écarter une deuxième fois, en l’accusant de «déviationnisme de droite».
Mao disparu en septembre 1976 et la Bande des Quatre éliminée, il revient aux affaires en juillet 1977 et évince un an plus tard Hua Guofeng, personnage falot que Mao avait choisi comme successeur.
Tout comme l’empereur Meiji, qui un siècle plus tôt avait ouvert le Japon au progrès occidental, Deng décide en 1978 de rompre avec la tradition d’isolement maoïste et d’ouvrir la Chine à l’Occident pour sortir du sous-développement. Il réhabilite la notion d’entreprise privée et de profit et quelques années plus tard brise un nouveau tabou en lançant son fameux slogan «Chinois, enrichissez-vous».
Mais Deng est convaincu que cet objectif ne peut être atteint qu’en maintenant un régime fort et autoritaire. Il réprime impitoyablement les manifestants du premier Printemps de Pékin (1978-79) qui réclament plus de démocratie. Et il n’hésitera pas quelques années plus tard à limoger deux de ses favoris, le numéro un du parti Hu Yaobang, accusé de faiblesse face à la contestation étudiante de 1987, puis son successeur Zhao Ziyang, juste avant la répression du 4 juin 1989.
Au début de 1992, il donne une nouvelle accélération à ses réformes lors d’une tournée hautement médiatisée dans le sud de la Chine. Le culte de sa personnalité atteint alors son point culminant.
Mais sa santé va ensuite décliner rapidement et en février 1994, date de sa dernière apparition à la télévision, les Chinois constatent, choqués, que «l’empereur» n’est plus qu’un vieillard sénile au regard éteint.
Les rumeurs sur son décès vont alors se multiplier affaiblissant l’influence du clan Deng, alors qu’une équipe collégiale se met en place autour du successeur désigné Jiang Zemin.
Deng Xiaoping disparaît quelques mois avant que ne se réalise l’un de ses vœux les plus chers: voir enfin le drapeau chinois flotter sur Hong Kong, après plus d’un siècle de présence britannique.
PEKIN, 20 Février (AFP). — Deng Xiaoping, le dernier empereur de la dynastie communiste chinoise, restera dans l’histoire comme l’artisan de la modernisation de la Chine.De petite taille (1,60 m), le regard vif, le sourire jovial, il était doué d’une intelligence et d’une habileté politique redoutables. Limogé à deux reprises par Mao Tsé-toung, qui lui vouait cependant une...