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Actualités - CHRONOLOGIE

Un kilo de pâtisserie représente le salaire mensuel d'un fonctionnaire Les enfants irakiens interdits de friandises

BAGDAD, 20 Février (AFP). — En Irak, bien qu’à nouveau autorisées, les friandises restent trop chères et les enfants les verront surtout à la télévision, dans les spots publicitaires.
«La publicité provoque l’irritation de mes enfants en même temps que leur frustration, car nous sommes condamnés à rester spectateurs devant le prix exorbitant des produits» , s’insurge Abou Samira, un fonctionnaire de 40 ans.
Comme la plupart des familles irakiennes, il ne peut s’offrir des pâtisseries.
Les pâtisseries, les crèmes glacées et les sucreries, dont les Irakiens sont particulièrement friands, étaient interdites depuis 1990: elles étaient considérées comme des produits «de luxe», en raison des pénuries de sucre provoquées par l’embargo international imposé à l’Irak, après son invasion du Koweït.
En décembre dernier, en raison d’une levée partielle de l’embargo, les autorités avaient levé cette interdiction, provoquant une prolifération des pâtisseries à Bagdad, qui rivalisent de publicité à la télévision, la radio et dans les journaux.
C’est surtout la «Télévision de la jeunesse» qui consacre un temps d’antenne record à la publicité. Dirigée par Oudaï, fils aîné du président irakien Saddam Hussein, ses émissions sont très suivies.
Mais les prix des pâtisseries demeurent inaccessibles et la presse s’en prend depuis quelques jours à ceux qui «abusent la population», vivement éprouvée par l’embargo.
Le prix du kilogramme de pâtisserie, dans toutes ses variétés, s’élève entre 3.000 et 5.000 dinars, alors que le salaire mensuel moyen d’un fonctionnaire en Irak n’est que de 4.000 à 4.500 dinars (soit près de 5 dollars US).

Priorité: une
paire de
chaussures

Pour Saadi Karim, 38 ans, fonctionnaire de l’Etat, les pâtisseries seront encore un produit de luxe cette année, en dépit des espoirs suscités par l’entrée en vigueur en décembre d’un accord conclu avec l’ONU autorisant l’Irak à exporter des quantités limitées de pétrole pour l’achat de vivres et de médicaments.
«Serait-il raisonnable de débourser mon salaire pour l’achat d’un seul kilogramme de pâtisseries et passer le reste du mois sans le sou?» s’interroge-t-il.
Jamil, instituteur à Bagdad, estime qu’il y a d’autres besoins plus pressants que les pâtisseries. «Acheter une paire de chaussures pour ma fille est beaucoup plus important», estime-t-il.
La coutume veut que l’on achète des habits neufs et des chaussures, surtout aux enfants, en plus des sucreries.
La population, qui vit toujours sous le régime de cartes de rationnement, attend avec impatience la distribution des vivres conformément à l’accord «pétrole contre nourriture». Celle-ci doit débuter en mars, selon des responsables de l’ONU.
Cet accord, première dérogation à l’embargo, autorise l’Irak à vendre pour deux milliards de dollars de pétrole par semestre pour l’achat de vivres et de médicaments, sous stricte supervision de l’ONU. Les exportations de pétrole ont commencé en décembre.
«Nous attendons toujours l’arrivée des vivres pour pouvoir améliorer notre menu et faire des pâtisseries à la maison», fait remarquer Abou Samira.
Le ministère irakien du Commerce a annoncé un allégement du rationnement: 2 kg de sucre par mois et par détenteur de carte, contre 500 grammes auparavant, 1 kg d’huile de cuisine contre 750 grammes, 9 kilos de farine contre 7.
L’embargo a ruiné une grande partie des Irakiens, notamment les salariés, du fait de l’effondrement de la monnaie locale. Un dollar américain vaut environ 1.300 dinars actuellement, alors qu’avant la crise du Golfe c’était le dinar qui valait 3,5 dollars.
BAGDAD, 20 Février (AFP). — En Irak, bien qu’à nouveau autorisées, les friandises restent trop chères et les enfants les verront surtout à la télévision, dans les spots publicitaires.«La publicité provoque l’irritation de mes enfants en même temps que leur frustration, car nous sommes condamnés à rester spectateurs devant le prix exorbitant des produits» , s’insurge Abou...