TOKYO, 17 Février (Reuter). — L’état de santé des 72 otages de Lima présente des signes inquiétants de détérioration — asthme, hypertension artérielle, accès dépressifs, rapporte lundi le quotidien japonais Asahi Shimbun, qui cite le ministère péruvien de la Santé et la Croix-Rouge internationale.
Des médecins de la Croix-Rouge et du ministère de la Santé procèdent à des examens quotidiens sur les 72 otages détenus dans la résidence de l’ambassadeur du Japon à Lima.
«Nous craignons que les inflammations ou d’autres maladies déjà diagnostiquées ne s’aggravent si l’incident se prolonge et (les otages) pourraient développer des ulcères à l’estomac ou d’autres affections liées au stress», a indiqué l’un des médecins.
Certains des captifs souffrent d’un cancer ou de diabète, ajoute l’Asahi Shimbun.
Vingt personnes souffrent d’hypertension, dix ont de l’asthme et 18 des 24 otages japonais sont dépressifs. Les otages présentent également un taux de cholestérol anormalement élevé.
La crise de Lima est en passe de battre le triste record de la prise d’otages la plus longue d’Amérique latine, 62 jours, soit un de plus que celle menée par le M-19 colombien à l’ambassade dominicaine de Bogota en 1980.
Dans des circonstances quasi identiques, un commando de 15 membres avait tenu 61 jours avant de relâcher ses otages et de partir pour Cuba.

Guerre des nerfs

Les rebelles du Tupac Amaru sont 15 eux aussi, mais la perspective de libération de leurs 72 otages ne paraît toujours pas imminente.
Rien n’a filtré des trois réunions — mardi, vendredi et samedi derniers entre le numéro deux des rebelles, Roli Rojas, et le négociateur du gouvernement Domingo Palermo dans une maison voisine de la résidence de l’ambassadeur du Japon à Lima où le commando du MRTA s’est introduit le 17 décembre.
Ce 61e jour s’est donc déroulé de la manière la plus routinière qui soit.
Dimanche matin, la police a repris sa guerre des nerfs en diffusant pendant plusieurs heures de la musique traditionnelle et en envoyant un hélicoptère survoler le bâtiment.
L’évêque catholique Juan Luis Cipriani, un des trois médiateurs présents aux négociations, est retourné dans la résidence pour y donner une messe aux otages, sans dire un mot sur les discussions en cours.
Plusieurs centaines de personnes ont participé à une «marche pour la paix» organisée par le Rotary Club devant la résidence.
Profitant de la présence toujours massive des journalistes autour du bâtiment, un petit avion tirant une banderole publicitaire a survolé le site à deux reprises.
Le seul petit événement de la journée a été la détention pendant plusieurs heures d’un cameraman qui avait franchi les cordons de sécurité et a été interrogé par la police antiterroriste.