Le général Lebed, arrivé dimanche pour une visite de cinq jours en France destinée à soigner son image de successeur possible du président Boris Eltsine, diminué par la maladie, affirme en substance que si celui qui succèdera au chef de l’Etat russe n’est pas élu au suffrage universel, le peuple descendra dans la rue.
Il explique que pour lui barrer la route du pouvoir, la classe politique actuelle peut soit amender la Constitution pour créer un poste de vice-président qui irait automatiquement au premier ministre Viktor Tchernomyrdine en cas de vacance de pouvoir, soit faire élire le futur chef de l’Etat par les deux Chambres de l’Assemblée fédérale.
Dans les deux cas, estime le général Lebed, les gens «descendront dans la rue», soulignant que la Russie ne pourra pas supporter de nouvelles violences.
«S’il y a encore un affrontement, notre pays se décomposera. Cette décomposition pourrait fort bien provoquer une Troisième Guerre mondiale, car il y a en Russie 89 régions. Certaines regardent vers les Etats-Unis, d’autres vers la Finlande, la Turquie, l’Allemagne, le Japon. Lancer un nouvel affrontement interne en Russie déboucherait sur une bataille mortellement dangereuse», dit-il.
Le général Lebed reproche au président Eltsine d’avoir, en permettant l’élection des gouverneurs de régions, «rompu avec une vieille tradition russe: la nomination des gouverneurs».
«Aujourd’hui, si un gouverneur dit: envoyons Moscou se faire voir ailleurs, le peuple pourra très bien le soutenir», indique-t-il.
Sur les responsabilités qu’il a assumées au Kremlin pendant quatre mois, le général Lebed dit avoir été frappé par le fait qu’«il n’existe aucun système de prise de décision politique, aucun mécanisme. Qui a pris la décision de lancer la guerre en Tchétchénie? Personne».
S’agisant des rivalités entre l’armée et les forces du ministère de l’Intérieur, il déclare que «l’armée ne compte plus. Ils l’ont complètement détruite, ils ne paient plus un kopeck aux militaires, mais ils ont renforcé les troupes du ministère de l’Intérieur, qui, par leur nombre, constituent aujourd’hui la moitié du système militaire».
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