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Actualités - CHRONOLOGIE

Bilan définitif de l'attentat contre une église : neuf tués Les islamistes ont tiré dans le dos des jeunes coptes d'Abou Qourqas

ABOU QOURQAS (Egypte), 13 Février (AFP). — Des tâches de sang maculaient jeudi les dalles de l’église Saint-Georges d’Abou Qourqas, en Haute-Egypte, où la veille, des islamistes armés ont tiré dans le dos de jeunes fidèles coptes, tuant neuf d’entre eux et blessant cinq autres avant de prendre la fuite.
Les murs étaient déchiquetés par les balles, des livres religieux, des carnets et des chaussures jonchaient l’église, située près du marché de cette localité agricole où vivent 9.000 chrétiens et 4.500 musulmans.
En état de choc, des habitants des deux confessions se sont rassemblés jeudi en début d’après-midi dans l’église de la Saint-Vierge pour assister à une messe à la mémoire des victimes.
Il était 19h30 mercredi lorsqu’un commando islamiste d’au moins trois personnes, a pénétré par la porte de l’église. A l’intérieur, une trentaine de jeunes filles et jeunes hommes coptes avaient le regard fixé sur l’autel pour écouter le père Iliya donner sa leçon hebdomadaire de catéchisme, ont indiqué des témoins.
De sang-froid, ils ont ouvert le feu tirant dans le dos des fidèles. «Comme chaque mercredi, j’étais venue avec mes deux amies assister à la leçon religieuse. Je n’ai rien vu. J’ai seulement entendu le bruit d’une fusillade et je suis tombée du banc», a raconté Magda Chéhata Aziz, une lycéenne de 17 ans, blessée par balle.
«Les tirs ont duré environ 30 secondes. J’étais terrifiée. Je suis restée sans bouger sous le banc pendant dix minutes. Une ambulance est ensuite arrivée pour me transporter à l’hôpital», a-t-elle ajouté.

Porte ouverte

«J’ai entendu le bruit d’une explosion puis j’ai vu une forte fumée remplir l’église. Je me suis immédiatement glissée sous le banc. Je n’ai compris ce qui s’est passé qu’en arrivant à l’hôpital», a dit Heba Moukhtar, une lycéenne de 14 ans, blessée à l’épaule.
Magdi Zaghloul, un employé municipal de 25 ans, a raconté qu’il avait tenté de s’échapper en entendant les coups de feu. Mais, dit-il, «j’ai été surpris par un jeune homme, vêtu d’un pantalon et d’une chimise noirs qui m’a tiré dessus».
«Nous étions environ une trentaine de jeunes garçons et filles à l’intérieur de l’église lorsque nous avons entendu les coups de feu», ajoute Magdi estimant que les assaillants «étaient au moins au nombre de trois».
Le prêtre Makarios de l’église Saint-Georges, qui était dans son bureau au moment de l’attentat, affirme que la porte de l’église «était ouverte comme d’habitude lorsque nous célébrons une messe». «Il n’y avait pas de forces de sécurité près de l’église», affirme-t-il.
Selon une source policière à Miniya, depuis un an environ les églises ne sont plus gardées par les forces de sécurité qui ont été plutôt chargés de protéger les bijouteries et les banques, devenues les cibles priviligiées des islamistes.
Le prêtre Makarios, comme la plupart des dignitaires coptes, tend à minimiser la portée de cet attentat. «Une minorité (extrémiste) ne peut pas affecter les relations solides entre musulmans et coptes à Abou Qourqas». Il en veut pour preuve «le grand nombre de musulmans qui se pressent aujourd’hui avec nous pour assister à la messe» à la mémoire des victimes.
Les coptes (chrétiens d’Egypte) sont, après les policiers, la principale cible des islamistes armés. Depuis le début de la vague de violence en mars 1992, 110 coptes ont été tués, principalement en Haute-Egypte.
La Jamaa islamiya a désigné comme ennemis les coptes, au même titre que les juifs. «Les moudjahidine (combattants de la foi) musulmans n’ont d’autre choix que de combattre pour se défendre contre les ennemis de Dieu dont les juifs et les chrétiens, ainsi que leurs collaborateurs au pouvoir», écrivait-elle dans un communiqué en mars 1995.

Condamnations

Des Frères musulmans aux marxistes du Tagammou, toute la classe politique égyptienne a condamné jeudi l’attentat.
«Nous condamnons cet acte conformément à notre position constante car porter atteinte à la vie d’innoncents contrevient aux préceptes de l’islam et déforme l’image tolérante de cette religion qui préconise la sécurité pour tous, y compris nos frères coptes», a affirmé M. Abdel Moneim Selim Gabbara, un dirigeant des Frères musulmans.«Une des raisons de cet attentat réside dans la politique de l’Etat qui interdit aux groupes musulmans modérés d’exercer leur rôle dans la propagation des principes modérés de l’islam», a-t-il ajouté.
A l’autre bord de l’échiquier politique, le parti marxiste Tagammou appelle dans un communiqué «tous les citoyens, musulmans et coptes, à dénoncer ce crime abominable» et demande au gouvernement «de reconsidérer de nombreux aspects en matière d’éducation et d’information qui créent un climat propice à de tels crimes».
Au patriarcat copte du Caire, on souhaite calmer la situation. «Cet attentat n’affectera certainement pas l’unité nationale entre les deux éléments de la nation (chrétiens et musulmans) qui vivent en fraternité, d’autant que de tels attentats frappent également les policiers et les civils musulmans», a affirmé le père Anastasi Samueili, un des responsables.
«Ces personnes qui tuent des innocents sont immorales et sans religion», a-t-il ajouté.
Un père copte du patriarcat de Miniya a precisé qu’il existe une trentaine d’églises dans la région d’Abou Qourqas.
ABOU QOURQAS (Egypte), 13 Février (AFP). — Des tâches de sang maculaient jeudi les dalles de l’église Saint-Georges d’Abou Qourqas, en Haute-Egypte, où la veille, des islamistes armés ont tiré dans le dos de jeunes fidèles coptes, tuant neuf d’entre eux et blessant cinq autres avant de prendre la fuite.Les murs étaient déchiquetés par les balles, des livres religieux, des...