Cet optimisme est étayé par une reprise économique de plus en plus forte et saine, qui devrait atteindre 2,3% en 1997 et 2,8% en 1998, contre 1,6% en 1996, selon les prévisions d’automne 1996 sur lesquelles le rapport est basé.
«La Communauté est en bonne voie pour réussir son passage à l’UEM (Union économique et monétaire)», estime dès lors ce document qui n’exclut que la Grèce du premier cercle de la monnaie unique lorsqu’elle sera lancée le 1er janvier 1999.
Quelques inquiétudes affleurent dans le document.
La Commission met ainsi en garde les pays qui, comme la France et l’Italie, prennent des mesures « ponctuelles» pour réduire leur déficit public sous la barre des 3,0% du PIB.
«Il est évident que le caractère temporaire de ces mesures ne contribue pas à améliorer la situation budgétaire fondamentale», souligne-t-elle en précisant qu’il faudrait vérifier en 1998 (lors de la sélection des participants à l’euro — si ces mesures auront été complétées par une «amélioration durable des situations budgétaires».
Les économistes de Bruxelles font référence à l’utilisation par Paris de la soulte de France Télécom d’un montant de 37,5 milliards de FF correspondant à 0,4% du PIB pour respecter le seuil des 3,0%, qui avait suscité des critiques en Allemagne.
La Commission s’inquiète également pour l’avenir, plusieurs Etats membres, comme la France et l’Allemagne, réduisant ou reportant des investissements publics et faisant des économies qui peuvent s’avérer temporaires et coûteuses à long terme.
Mais le seul point vraiment noir souligné par l’exécutif européen est celui du chômage, qui touche plus de 18 millions de personnes, soit 10,8% de la population active.
La reprise économique aidera certes à améliorer quelque peu la situation des sans-emplois, mais la croissance restera trop faible pour réduire durablement leur nombre.
La Commission propose dès lors des solutions en faisant un sort au mythe de la mondialisation et des nouvelles technologies qui tueraient des millions d’emplois en Europe.
Le chômage important que connaît l’UE est dû, selon elle, à l’expansion insuffisante des capacités de production à la fin des années 1980 et à un dosage mal équilibré des politiques économiques — les politiques budgétaires trop laxistes et des salaires en hausse ont entraîné une augmentation des taux d’intérêt qui a étouffé la croissance européenne.
Les turbulences monétaires et la dépréciation du dollar ont également contribué à donner un coup d’arrêt à la reprise.
S’il est vrai que l’UE n’a pas tiré parti des «avantages du progrès technique et de la mondialisation» c’est parce que la croissance est insuffisante, le fonctionnement des marchés des biens et des services inefficace et la formation déficiente.
La Commission propose donc d’achever le marché unique, par exemple dans les secteurs des télécommunications ou de l’énergie, afin de tirer pleinement parti de sa dimension, de réduire le harcèlement réglementaire des PME et de réformer les politiques de formation et d’emploi.
Reste la question de la «flexibilisation» de la main-d’œuvre, qui est au centre des discussions en Europe.
La Commission refuse tout net le modèle américain de réduction des salaires les plus bas.
«Il n’est ni praticable, ni souhaitable que la Communauté imite la démarche suivie aux Etats-Unis», peut-on lire dans le rapport qui parle «d’amender» les «éléments-clés du modèle européen» d’une manière pragmatique.
Il s’agit notamment de réduire les coûts non salariaux de la main-d’œuvre la moins qualifiée pour enrayer le mouvement qui voit les entreprises européennes substituer le capital ou travail, contrairement à ce qui se passe aux Etats-Unis.
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