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Actualités - CHRONOLOGIE

Avec pour arme une exposition de photos Le Kazakhstan part en guerre contre les essais militaires

ALMATY, 7 Février (AFP). — Sur une photo, une mère regarde son bébé né sans bras. Sur une autre, un enfant aux jambes difformes montre un visage sans yeux: les députés kazakhs ont organisé eux-mêmes une exposition pour montrer les horreurs engendrées par les essais d’armements conventionnels effectués par l’armée russe sur le territoire du Kazakhstan.
Cette exposition, qui se tient au sein même du Parlement Kazakh, avec le soutien de tous les députés, montre des civils atteints de tumeurs cancéreuses, parfois rares comme celle des yeux, d’anémie, ou de malformations dues aux dommages chromosomiques provoqués par des émanations de substances toxiques contenues dans les douilles qui propulsent les roquettes et les missiles.
Les parlementaires se sont prononcés en début de semaine contre la ratification d’un accord signé en octobre 1996 par le Kazakhstan et la Russie, permettant à l’armée russe, moyennant un loyer de 26,5 millions de dollars, de tester ses armes conventionnelles sur quatre sites kazakhs pendant dix ans encore.
«Notre pays était et reste un immense polygone militaire, c’est un immense laboratoire à l’air libre, il faut que cela cesse», lance Engels Gabbassov, sénateur kazakh, devant une photo de carcasse d’un avion-cible, abattu en plein vol par un gros missile antiaérien de type Zenitky.
L’explosion de ces missiles, affirme l’exposition, disperse sur le sol des milliers d’éclats, porteurs de substances toxiques, que la population de la steppe utilise parfois comme combustible.
Eau polluée

Pour montrer leur détermination, les parlementaires ont aussi décidé de créer une association réunissant des députés et des scientifiques «pour obtenir la fermeture des polygones d’essais militaires».
Les polygones concernés sont Kapoustin Yar (ouest) composé de deux centres d’essais, Emba (ouest, entre les mers Caspienne et Aral) et Sarichagan (sur les rives ouest du lac Balkash). Sur les pourtours de ces polygones, des espèces animales comme l’antilope ou certains rongeurs ont totalement disparu. Les réserves d’eau sont polluées.
L’objectif des députés est de fonder un mouvement associatif et très populaire du type de «Nevada-Semipalatinsk», le Greenpeace kazakh qui a obtenu la fermeture en 1989 du polygone d’expérimentation nucléaire de Sémipalatinsk (nord-est du Kazakhstan) où pendant quarante ans, toutes les générations d’armes nucléaires — atomiques, à hydrogène et à neutrons — furent testées par des scientifiques et des soldats soviétiques.
La tâche que se fixe l’association promet d’être longue et pénible. «Chaque année d’utilisation de ces quatres sites nous apportent cinquante ans de problèmes écologiques et humains en plus», affirment les députés dans une déclaration.
«Les essais d’armes conventionnelles s’intensifient sans discontinuer depuis 1946, c’est pire que Sémipalatinsk», poursuit le texte.
A ce jour, plus de 180 types d’armement ont déjà été expérimentés sur ces sites, bazookas, fusils d’assaut, mines antipersonnel, et plus de 24.000 missiles sol-sol (Scud) et sol-air (Zénitky).

Terre incultivable

Déjà 11 millions d’hectares (4% du territoire kazakh) ont été rendus incultivables du fait des substances chimiques répandues par les débris de roquettes ou d’engins volants.
Les dégâts écologiques et les effets néfastes sur la santé des populations occasionnés par les tests militaires depuis l’indépendance du Kazakhstan, en 1991, se montent à 115 millions de dollars, selon «une estimation minimale du gouvernement kazakh» donnée par le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement Sharip Omarov, initiateur de l’association.
«Ce réseau de polygones sépare notre pays en deux (d’ouest en est) de la frontière ouest au lac Balkash», soit une superficie grande comme la République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie réunies, poursuit-il.
ALMATY, 7 Février (AFP). — Sur une photo, une mère regarde son bébé né sans bras. Sur une autre, un enfant aux jambes difformes montre un visage sans yeux: les députés kazakhs ont organisé eux-mêmes une exposition pour montrer les horreurs engendrées par les essais d’armements conventionnels effectués par l’armée russe sur le territoire du Kazakhstan.Cette exposition, qui se...