Outre la mort de Metin Goktepe, journaliste du quotidien de gauche «Evrensel», 31 journalistes ont été torturés en détention, 53 interpellés avec brutalité et 69 agressés, menacés ou harcelés par la police, affirme le rapport.
La «violence arbitraire» a touché en premier lieu les journalistes d’extrême-gauche et pro-kurdes, ceux de la presse considérée comme «hostile» par le gouvernement, toujours selon ce rapport.
La torture en détention notamment est utilisée comme un «moyen d’intimider» les journalistes de cette presse. Coups, chocs électriques, brûlures et privation d’eau et de nourriture sont les méthodes pratiquées, affirme-t-on.
Le rapport demande au gouvernement turc de prendre «des mesures concrètes pour faire cesser les tortures lors des détentions dans les commissariats de police». Il recommande en outre que «de véritables sanctions pénales soient prononcées contre les policiers qui se rendent coupables de violences».
Ce rapport a été préparé à l’occasion de la mort de Metin Goktepe, à la suite de laquelle Reporters sans frontières a placé la Turquie sous une surveillance plus serrée, a déclaré son responsable pour l’Europe et l’ex-URSS, Jean Chichizola.
Goktepe, 27 ans, avait été battu après son arrestation à Istanbul, en janvier 1996, alors qu’il couvrait les obsèques de deux détenus tués lors de la répression d’une mutinerie dans une prison de la ville.
Il avait succombé à une hémorragie et son corps avait été retrouvé dans l’enceinte d’une salle de sports, dans la partie européenne d’Istanbul.
Le procès de 48 policiers accusés de son meurtre doit se poursuivre le 6 février à Afyon (ouest). Il s’était ouvert le 18 octobre dernier à Aydin, à 300 kilomètres plus à l’ouest, et la seconde audience avait été renvoyée au 29 novembre. Il avait été plus tard déplacé à Afyon, officiellement pour raisons de sécurité mais il ne s’était pas poursuivi comme prévu, le dossier n’étant pas parvenu à temps au tribunal.
Le procès, initialement intenté à Istanbul, avait été une première fois déplacé à Aydin, à 600 kilomètres au sud d’Istanbul, également pour raisons de sécurité.
M. Chichizola a déclaré que son organisme était «inquiet du fait que le lieu du procès a été changé deux fois, de ville en ville», et «du fait qu’un an après son ouverture, il n’en sera qu’à sa deuxième audience» le 6 février.
M. Chichizola a déclaré avoir eu des informations selon lesquelles les témoins qui accusaient les policiers avaient reçu des menaces de la part de personnes non identifiées, «probablement des policiers».
«Reporters sans frontières veut croire à un procès équitable, impartial et rapide» a-t-il déclaré.
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