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Actualités - CHRONOLOGIE

Après la victoire des séparatistes à la présidentielle Tchétchénie : la balle est désormais dans le camp de Moscou

MOSCOU, 28 Janvier (Reuter). — La victoire d’Aslan Maskhadov au scrutin présidentiel tchétchène de lundi a été accueillie à Moscou avec un certain fatalisme, voire un certain embarras, qui contraste étonnamment avec le discours officiel du Kremlin durant les jours qui ont précédé le scrutin.
Contrainte de saluer l’élection de celui qu’elle a présenté comme son favori tout au long de la campagne, la direction russe se retrouve dans une situation malaisée, obligée de composer avec un partisan déclaré de l’indépendance, fort de la légitimité que lui confèrent les quelque 60% des suffrages glanés lundi.
La première réaction de Moscou à l’annonce des premiers résultats non officiels du scrutin a du reste été plutôt tiède.
«Le gouvernement cherchera un moyen de coopérer avec le vainqueur, quel qu’il soit. A la condition que les élections soient démocratiques, légitimes et qu’il n’y ait aucun doute sur ce point», a dit Igor Chabdourassoulov, le porte-parole du gouvernement.
De son côté, le président Boris Eltsine a fait savoir, par la voix de son porte-parole, que les premiers résultats du scrutin auguraient plutôt bien de la poursuite de «négociations productives» entre Moscou et Grozny.
Conformément aux accords de paix de Khassaviourt, la question du statut de la Tchétchénie est gelée jusqu’au 31 décembre 2001.
A la demande du chef de l’Etat russe, le Conseil consultatif s’est réuni mardi après-midi à la «Maison blanche», le siège du gouvernement, pour décider de la suite à donner au scrutin.
Officiellement, Aslan Maskhadov est considéré par le Kremlin comme l’unique interlocuteur avec lequel ce dernier espère négocier afin de conserver la Tchétchénie dans son giron, tout en jouant, si besoin est, des pressions économiques.
Certains, comme le dirigeant indépendantiste Movladi Oudougov, pensent du reste qu’il s’agissait là d’une tactique de Moscou visant à discréditer Aslan Maskhadov et à favoriser les partisans de la guerre à outrance dans le camp séparatiste.

Phénomène inédit

De son côté, l’intéressé se défend de «pactiser avec l’ennemi», comme l’en accusent ses adversaires. Il se fait fort d’obtenir «par des moyens pacifiques» que le Kremlin reconnaisse l’indépendance de son pays et accepte de verser à la Tchétchénie des dommages de guerre.
«La Tchétchénie est un Etat indépendant. Le statut de la République a été fixé en 1991. Pour nous, il ne peut être question que de relations entre deux Etats indépendants: la Fédération de Russie et la République de Tchétchénie», affirmait-il dans un entretien accordé la semaine dernière au quotidien russe Nezavissimaïa Gazeta.
«Si je suis élu, Moscou devra négocier sur un pied d’égalité et sur la base des accords de Khassaviourt», ajoute-t-il.
«La Tchétchénie a maintenant un pouvoir légitime et la Russie un interlocuteur avec lequel négocier. Le fait qu’il s’agisse officiellement de son partenaire préféré ne signifie pas pour autant que les négociations seront faciles», estime Andreï Pionthkowski du Centre d’études stratégiques de Moscou, interrogé pardi par Reuter.
«La Tchétchénie est, de facto, un Etat indépendant. Il n’y a plus de soldats russes et ces élections ont constitué une écrasante victoire pour le mouvement séparatiste», ajoute-t-il.
Interrogé lundi pa la chaîne de télévision NTV, l’un des candidats à la présidence, Akhmed Zakaïev, a clairement indiqué que Grozny n’attendrait pas l’an 2001 pour négocier son statut d’indépendance.
«Nous sommes face à un phénomène tout à fait inédit. Reconnue par la communauté internationale, la Fédération de Russie a, en son sein, une entité territoriale hybride non reconnue qui, tout en prétendant à l’indépendance, souhaite continuer à émarger au budget fédéral», soulignait lundi soir Lilia Chevtsova du Carnegie Endowment for International Peace, interrogée par NTV.
«Les Tchétchènes ont passé avec dignité l’épreuve des élections. Mais en sera-t-il de même de la Russie où il n’y a plus ni centre, ni volonté politiques? A Moscou, on ne sait pas seulement ce qu’il convient de faire de la Tchétchénie, mais de la Russie elle-même», s’interrogeait-elle.
«Si la Russie est satisfaite de mon élection, tant mieux. Si elle ne l’est pas, c’est son problème», estimait mardi Aslan Maskhadov, résumant peut-être le mieux la situation.
MOSCOU, 28 Janvier (Reuter). — La victoire d’Aslan Maskhadov au scrutin présidentiel tchétchène de lundi a été accueillie à Moscou avec un certain fatalisme, voire un certain embarras, qui contraste étonnamment avec le discours officiel du Kremlin durant les jours qui ont précédé le scrutin.Contrainte de saluer l’élection de celui qu’elle a présenté comme son favori tout au...