Le président Sali Berisha est désormais autorisé à faire appel à l’armée pour garder notamment les bâtiments gouvernementaux et les routes.
Les députés ont précisé que cette mesure était temporaire.
«Le président de la République sera habilité à prendre cette décision en tant que chef des forces armées», a indiqué le ministre des Affaires étrangères, Tritan Shehu.
«Cette décision n’a rien d’un état d’urgence mais la circulation ne doit pas être affectée, ni les réserves de pétrole, d’eau, les mairies et les sites stratégiques attaqués», a-t-il dit.
Des milliers d’Albanais manifestent depuis deux semaines à Tirana et dans plusieurs autres villes du pays pour protester contre la dilapidation de leur épargne et réclamer la démission du gouvernement conservateur.
Pris à parti la veille à Lushnje, Tritan Shehu a accusé des «forces extrémistes» d’être à l’origine de la crise.
«Ce n’est pas la masse des socialistes albanais, mais certains extrémistes marxistes qui ont toujours voulu prendre le pouvoir par la violence», a-t-il dit aux journalistes à l’issue du vote parlementaire.
«Il s’agit de sections de l’ancienne police secrète qui veulent profiter de ce moment où les citoyens albanais ont des difficultés financières pour tenter de déstabiliser l’Albanie», a-t-il ajouté.
«A bas les
voleurs!»
Selon des témoins, deux camions militaires avec à leur bord une quarantaine de soldats sont arrivés devant le ministère de l’Intérieur, dans le centre de Tirana. Des soldats en armes avaient déjà été postés autour de la place Skanderberg où se trouvent plusieurs bâtiments publics.
A Patos, dans le sud du pays, des émeutiers ont mis dimanche le feu au siège de la compagnie pétrolière nationale Albpetrol, a déclaré un responsable de l’entreprise à Reuter.
Dans la capitale albanaise, la police anti-émeute a tiré en l’air pour disperser quelque 30.000 personnes massées sur la place Skanderberg qui jetaient des pierres sur les vitres des bâtiments alentour.
La presse albanaise a signalé des incidents dans treize autres villes du pays.
«A bas Berisha!», «A bas Meksi!», «A bas les voleurs», ont scandé les manifestants à Tirana.
Dans l’un des trois principaux hôpitaux de la capitale albanaise, on déclare avoir soigné sept manifestants et sept policiers. Trois manifestants sont toujours hospitalisés, dont un dans un service de soins intensifs, a précisé un médecin.
Malgré les mises en garde du gouvernement contre les manifestations de masse, l’opposition avait appelé à un rassemblement contre le pouvoir, mis en cause dans la faillite des systèmes d’investissements pyramidaux.
Le mouvement de protestation, qui avait commencé il y a deux semaines à la suite de la mise en faillite de deux des dix systèmes d’investissements pyramidaux, s’est amplifié à mesure que des milliers de petits épargnants voyaient s’évaporer leurs placements avec l’effondrement de ces systèmes qui se sont multipliés dans le pays depuis la chute du communisme en 1990.
Systèmes
pyramidaux
Certains Albanais, peu habitués aux pratiques de l’économie de marché ont vendu leurs maisons, leurs fermes et leur bétail pour investir tous leurs capitaux dans ces systèmes.
Le Parti socialiste, héritier des anciens communistes, a annoncé qu’il préparait un communiqué exigeant la démission du gouvernement Meksi, la formation d’un gouvernement intérimaire composé d’experts ainsi que l’organisation de nouvelles élections législatives.
Dans un discours télévisé, le premier ministre Aleksander Meksi a promis que son gouvernement rembourserait à partir de février les Albanais victimes de l’effondrement des systèmes d’épargne.
Mais ces assurances n’ont guère apaisé l’atmosphère.
«Nous renverserons le gouvernement aujourd’hui coûte que coûte», a affirmé un manifestant présent au stade de Tirana en faisant état de rumeurs selon lesquelles le Parti démocratique aurait détourné de l’argent des systèmes pyramidaux pour financer sa campagne électorale l’été dernier.
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