Depuis une vingtaine d’années, les centaines de travaux, essentiellement épidémiologiques, menés sur le sujet dans le monde entier, n’ont pu apporter de conclusion définitive sur les effets éventuels des champs magnétiques sur la santé.
L’immense majorité des résultats plaident pour leur inocuité. Ainsi, en novembre dernier, une étude synthétique de l’Académie des sciences américaine concluait que ces champs «n’étaient pas nuisibles à la santé».
«Il existe un consensus assez large chez les scientifiques pour affirmer qu’il n’y a pas de lien de causalité entre cancer et champs magnétiques. Mais on ne peut pas le prouver... Ni exclure que ce risque soit élevé dans des conditions très particulières», a ainsi expliqué John Moulder du Medical College of Wisconsin, lors d’un symposium sur les champs électriques et magnétiques de très basses fréquences, organisé à Bruxelles par EDF et Electrabel.
«On ne peut pas dire aujourd’hui si les perturbations relevées chez ces rats auront des conséquences négatives ou positives, ni s’il y aura un effet sur la survenue de cancers», a précisé la responsable de cette étude, Rosemonde Mandeville, de l’Institut Armand Frappier à Laval (Québec).
«Il ne s’agit pas d’une immuno-suppression (suppression des défenses immunitaires, comme chez les malades du sida) mais d’un déséquilibre, avec une augmentation des cellules “tueuses” NK et une diminution significative des cellules CD 5, CD 4 et CD 8, observé pendant un certain temps», a-t-elle souligné.
Au total, 96 rats ont été exposés depuis leur naissance, pendant six semaines, à des champs magnétiques de 60 Hertz (HZ) de différentes intensités. «Les perturbations ont été relevées au bout de cinq semaines, étaient toujours là trois mois après, mais avaient disparu au bout de six mois. L’organisme s’était alors adapté», a souligné Mme Mandeville.
«Nous étudions maintenant la “réponse” de ces rats à des cancers, des vaccins et des infections virales», précise la scientifique, qui a mené une autre étude, terminée en novembre et qui devrait être publiée fin 97, sur la «promotion» (processus de développement de tumeurs à partir des cellules cancéreuses) du cancer du cerveau. «Les champs électromagnétiques ne peuvent pas être les initiateurs de cancers, mais peuvent-ils en être les promoteurs?», se demande-t-elle.
Pour répondre à cette question, un cancérogène chimique a été injecté à des rats deux jours avant leur naissance. Statistiquement, 35 à 40% de ces bébés devraient développer un cancer. L’objectif est de déterminer si ces maladies apparaîtront plus vite ou en plus grand nombre en exposant les petits aux champs magnétiques.
Une troisième étude de cancérogénie complète, sur cinquante rats, sera soumise à la revue «Science» en février. Quarante-deux tissus et organes ont été examinés chez chaque animal. Leucémies, cancers du foie et de la rate ont été également évalués.
Tous ces travaux, étalés sur deux ans, s’inscrivent dans un programme de recherche ambitieux de 5 millions de dollars canadiens, financé par Santé-Canada (organisme de recherche fédéral), les compagnies d’électricité Hydro-Québec et Hydro-Ontario et l’Université du Québec.
Les plus commentés
BDL : le jeu dangereux de Joseph Aoun
Armes du Hezbollah : l’exercice du pouvoir n’adoucit pas les FL
Naïm Kassem : La résistance continue par sa présence et sa sagesse