Le secteur des industries libanaises de l’habillement et du textile s’en trouve donc sérieusement affecté. Les industriels ont pourtant à subir dès le départ, les effets de quelques éléments de blocage déterminants dont, notamment, le coût élevé d’une main-d’œuvre libanaise ainsi que l’exiguité du marché libanais. Bref, ce secteur à l’instar de tous les autres de l’industrie nationale, est condamné à pouvoir se développer dans un environnement sans «protection» et où le seul avantage paraît bien dérisoire à savoir, l’exemption fiscale de 10% sur les revenus, dont profitent les entreprises au Liban.
Dans ce cadre l’on ne peut d’ailleurs que s’étonner du fait que les autorités libanaises aient tout à fait ignoré les recommandations de l’Union européenne, d’augmenter les droits de douane sur les importations à l’effet de préparer l’industrie libanaise à pouvoir affronter, dans les années à venir, les exigences de l’entrée dans le partenariat euro-méditerranéen. Des exigences qui supposent essentiellement la levée de toutes les barrières douanières au terme des douze années de grâce prévues à l’effet de soutenir l’industrie nationale et la préparer à la concurrence, dans le cadre de la zone d’échange-libre qui concerne les produits industriels dans la première phase.
Premier secteur à
l’exportation
Les secteur des industries du vêtement et textile constitue pourtant le premier des secteurs industriels à l’exportation. Ces exportations ont atteint, pour l’année 1996, près de 110 milliards de L.L. c’est à dire, 26% du total des exportations.
Occupant la 5e place des secteurs quant à la création de nouvelles usines en 1996 — 34 nouvelles usines employant 360 salariés —, les capitaux investis dans les nouvelles fabriques de ce secteur en 1996 ont atteint 5,751 milliards de L.L.
En tout et pour tout, plus de 2.000 usines et fabriques, en majorité de taille moyenne et petite, représentent le secteur de l’industrie libanaise du vêtement et du textile.
L’avenir du secteur
et de l’industrie
Il est à noter que les droits de douane imposés au Liban sur les vêtements importés sont les plus bas de tous les pays arabes y compris l’Egype et la Syrie. Et qui plus est, pour d’aucuns de ces industriels qui sont propriétaires d’usines au Liban et en Egypte; il leur est plus rentable de produire en Egypte — la production du pantalon leur revient à 3 dollars pour 7 dollars au Liban — plutôt qu’au Liban, si la politique gouvernementale ne change pas d’orientation.
L’approbation du décret en question, qui d’ailleurs s’est fait dans la «discretion» la plus possible, est encore plus incompréhensible selon les industriels, d’autant plus qu’elle est motivée par la volonté du gouvernement de «redynamiser» le marché et stimuler le pouvoir d’achat.
Qu’à cela ne tienne, répondent les industriels, mais alors dans ce cas, il faut exempter des droits de douane plusieurs autres catégories de produits importés et d’ailleurs bien plus nécessaires sans doute pour le consommateur dont les télévisions, radios et bien d’autres; la liste étant bien longue.
Toutes ces questions ont été hier longuement discutées entre le ministre d’Etat pour les Affaires industrielles M. Nadim Salem et le président de l’Association des industriels M. Jacques Sarraf accompagné du président du syndicat des industries du vêtement M. Fouad Hodroj.
Ce fut notamment l’occasion, pour M. Salem de rappeler à ses interlocuteurs son engagement à défendre le développement et l’avenir d’une industrie libanaise de qualité. «Nous travaillerons avec les industriels, a assuré M. Salem, à l’élaboration d’une politique industrielle, certes prenant en compte les intérêts des autres secteurs économiques mais ne portant pas préjudice à l’existence, au développement légitime et à l’avenir de l’industrie libanaise»).
Nayla ABI KARAM
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