«Les nouvelles accusations ne représentent rien de nouveau. Cela a été décrit en détail par les historiens dans les années 1980. Il s’agit d’or acheté par la Suisse à l’Allemagne et revendu au Portugal», a déclaré un porte-parole de la Banque nationale suisse (BNS), M. Gabriel Juri.
Le sénateur américain Alfonse D’Amato, qui mène une croisade contre le rôle de la Suisse comme place financière dans la période nazie, a accusé dimanche la BNS d’avoir blanchi via l’Espagne et le Portugal de l’or allemand dans les années 1943-44.
La banque centrale s’est longuement expliquée le mois dernier sur sa position pendant la Deuxième Guerre mondiale, a-t-il rappelé.
Le vice-président de la BNS Jean-Pierre Roth avait reconnu le 13 décembre que les dirigeants de l’époque de la banque centrale savaient qu’une partie de l’or acheté à l’Allemagne pouvait provenir du pillage des pays occupés par les armées nazies. Il avait en revanche souligné que rien n’indiquait que de l’or livré par la Reichsbank puisse provenir de camps d’extermination.
S’appuyant sur des documents secrets des archives nationales américaines, le sénateur D’Amato a affirmé que «pour la première fois que notre enquête a commencé, nous avons des documents confirmant que les Suisses ont été activement et directement impliqués dans l’expédition d’or pour le compte des nazis».
L’aspect moral
La BNS avait déclaré le mois dernier avoir acheté pour 1,2 milliard de FS de l’époque d’or à l’Allemagne, mais aussi plus de 1,6 milliard aux Etats-Unis et Grande-Bretagne, pour maintenir la stabilité de la monnaie et sauvegarder la souveraineté de la Suisse entourée par les puissances de l’Axe. Une grande partie de cet or a été revendue à d’autres banques centrales étrangères.
Les ventes au Portugal se sont élevées à 452 millions de FS, celles à l’Espagne à 185 millions, selon la BNS.
Selon les documents présentés par le président de la commission bancaire du Sénat en présence de dirigeants d’organisations juives, la banque centrale suisse a expédié 280 camions transportant de l’or d’origine allemande en Espagne et Portugal.
«Si l’on exclut l’aspect moral, il s’agit d’un échange technique, un achat et un transport», a dit le porte-parole Juri.
La banque a reconnu le mois dernier avoir fait des bénéfices de 20 millions de FS sur ses opérations sur l’or avec la Reichsbank entre 1939 et 1945.68
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