Augmentation en cascade de tous les produits de consommation Une année de sévère austérité attend les roumains

BUCAREST, 10 Janvier (AFP). – La décision du gouvernement de Victor Ciorbea de doubler le prix des carburants dès les premiers jours de 1997 a entraîné une augmentation en cascade des prix de tous les produits et annonce une année de sévère austérité pour les Roumains
Le premier ministre Ciorbea, chrétien-démocrate, ancien syndicaliste, a expliqué que cette mesure était indispensable et a accusé l’ancien gouvernement d’avoir «par pur électoralisme» gelé en 1996 le prix de l’essence et d’autres produits.
Le programme d’austérité vise entre autres à reconquérir la confiance du FMI qui n’a fourni aucun crédit en 1996 à la Roumanie de l’ancien président Ion Iliescu, en raison de l’échec de son gouvernement à tenir ses engagements.
Les syndicats se montrent toutefois conciliants, dans l’attente de prochaines mesures sociales.
En décembre, le FMI a estimé que la situation économique du pays était «pire» qu’il ne l’avait pensé, avec notamment un déficit budgétaire de 5,7 pc du PIB, contre les 2,2 pc prévus et une reprise de l’inflation, qui s’élève à 38 pc par rapport à décembre 1995.
Aux élections législatives et présidentielle de novembre dernier, les Roumains ont donné le pouvoir à l’ancienne opposition, une coalition de chrétiens-démocrates, libéraux, sociaux-démocrates et du parti de la minorité magyare.
«L’austérité sera le mot d’ordre. Sortir du tunnel de la pauvreté nécessite d’importants efforts et 1997 est cruciale pour la Roumanie», écrit le quotidien indépendant Libertatea.
Au nouveau prix de l’essence (1.900 lei soit 0,5 dollar) d’autres augmentations se sont jointes ou sont attendues dans les prochains jours. Ainsi le ministère de la Santé a estimé comme «inévitable» une hausse des prix des médicaments qui avaient déjà connu une explosion de 50 pc en décembre.
Le transport ferroviaire sera plus cher en février, de 70 pc. Avant l’été, une hausse d’environ 220 pc est attendue.

Des augmentations
«injustifées»


Mais ce qui touche le plus la population est l’augmentation jugée parfois «injustifiée» même par le gouvernement des prix de produits alimentaires. Le pain se vend à des prix supérieurs à 150 pc, le lait à 30 pc, le beurre à 50 pc, par rapport à la situation précédente.
Le kilo de viande devra augmenter de 60 pc, mais en attendant une décision gouvernementale, les abattoirs ont pratiquement cessé le travail. La viande de porc est pratiquement absente du marché bucarestois depuis plusieurs jours.
Les magasins ont été pris d’assaut. La ruée est telle qu’à l’hypermarché «Metro», récemment ouvert à Bucarest, l’administration a été contrainte de fixer des «quotas maximum» d’achat pour certains produits alimentaires.
A partir du 15 janvier, le kilowatt devra tripler et le chauffage urbain doubler. Pour réduire l’effet sur la population, le gouvernement a indiqué qu’il allait établir un quota de consommation par famille, au-delà de laquelle sera payé le nouveau tarif.
Le ministre du Travail, Alexandru Athanasiu, a affirmé que 75 pc des augmentations seront «couverts» par des moyens de protection sociale. «Si les salaires du mois de janvier ne tiennent pas compte de ces augmentations des prix, je présenterais ma démission», a-t-il assuré.
Le gouvernement compte notamment réduire les impôts sur le revenu pour compenser en partie les hausses de prix.
Lors d’une réunion «exploratoire» jeudi, les principales centrales syndicales ont indiqué que les solutions proposées par le gouvernement étaient «viables» et souligné qu’elles «soutiendraient son programme d’accélération des réformes».