Vêtu de blanc, comme le veut le règlement pénitentiaire de l’Arkansas, Earl Denton, un Blanc de 47 ans, a affronté le premier la mort par intraveineuse létale, les yeux fermés et sans un mot.
Pau Ruiz, 49 ans, condamné pour les mêmes faits que Denton — le meurtre de deux policiers alors que les deux hommes étaient en fuite d’une prison de l’Oklahoma en 1977 — a été exécuté une heure plus tard: trois quintes de toux, un soubressaut, Ruiz, d’origine hispanique, a été déclaré mort quatre minutes après la piqûre.
Les deux hommes, les plus anciens condamnés à mort de l’Arkansas, avaient passé plus de 18 ans et demi dans le couloir de la mort. Huit dates antérieures avaient été fixées pour leur exécution, toujours repoussée à la faveur d’appels et autres procédures judiciaires.
Le troisième condamné, Kirt Wainright, un Noir américain de 30 ans, est mort le dernier, souriant vaillamment après avoir récité un poème de sa composition dans lequel il se disait sans peur et prêt à mourir pour retrouver son Dieu.
Mais en raison d’un ultime appel alors même qu’il avait été attaché sur la table d’exécution, Wainright est resté une heure dans la chambre de la mort, sans savoir s’il allait être exécuté. L’avis de la Cour suprême américaine a été sollicité en pleine nuit à la hâte pour trancher sur cet appel, et elle a finalement refusé le sursis que demandait l’avocat de Wainright, Craig Lambert.
Il avait été condamné pour le meurtre, en 1988, d’une caissière dont il s’affirmait innocent, bien que reconnaissant avoir participé au braquage au cours duquel l’employée avait été tuée.
Dans le couloir de la mort depuis 1989, il avait vu repousser son exécution à cinq reprises.
Une quinzaine de témoins, volontaires choisis par le directeur de la prison, ont assisté silencieux aux exécutions dans une pièce adjacente séparée par une vitre.
L’identité des deux bourreaux, également volontaires, a été tenue secrète.
Cette triple exécution était la deuxième depuis que la Cour suprême eut rétabli la possibilité de la peine capitale aux Etats-Unis en 1976.
La première avait eu lieu en août 1994, également à Cummins, un complexe pénitentiaire abritant 1.750 prisonniers au milieu des immenses plaines agricoles du sud de l’Arkansas.
Les opposants à la peine de mort avaient largement manifesté leur désaccord ces derniers jours, organisant des rassemblements devant le siège du gouvernement de l’Etat à Little Rock, la capitale de l’Arkansas, se rassemblant mercredi soir pour une veillée de prière dans une église et une protestation silencieuse à la lumière des bougies devant la maison du gouverneur Mike Huckabee, un pasteur baptiste.
Certains proches des victimes des trois condamnés sont, eux, venus raconter devant les caméras de télévision leur joie et leur soulagement après les exécutions: ils n’avaient pas le droit d’assister aux exécutions, mais étaient venus néanmoins à la prison.
«Des milliers de kilos se sont soulevés de mes épaules, ma seule émotion a été le soulagement», a expliqué David Small, policier blessé par Denton et Ruiz lors du drame où deux de ses collègues avaient trouvé la mort.
En larmes, la fille de l’un des policiers tués, Virginia Hamilton, s’est dite «heureuse».
Quarante-cinq hommes ont été exécutés en 1996 aux Etats-Unis, un nombre qui devrait augmenter sensiblement cette année. Plus de 3.200 détenus y sont condamnés à mort.
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