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Actualités - CHRONOLOGIE

Un meurtre dans les quartiers chics en est la source Campagne anti-occidentale virulente à Teheran

TEHERAN, 9 Janvier (AFP). — Le meurtre de deux enfants par leur sœur de seize ans et son petit ami dans un quartier aisé de Téhéran a relancé la campagne des milieux fondamentalistes contre les valeurs occidentales «immorales».
Somayeh Shahbazinia est accusée d’avoir étranglé sa sœur de quatorze ans pendant son sommeil et d’avoir noyé son petit frère de huit ans dans une baignoire, avec l’aide de son ami de seize ans également — identifié par son seul prénom, Shahrockh.
Ces deux adolescents ont ensuite blessé d’un coup de poignard la mère de la jeune fille en tentant de la tuer.
La presse iranienne fait depuis plusieurs jours un large écho à cette affaire survenue le 1er janvier, en soulignant que le drame avait eu lieu dans une famille libérale et aisée de la rue Gandhi, dans un quartier cossu du nord de la ville.
Les raisons qui ont poussé les deux jeunes à tuer ne sont pas connues précisément, mais ils étaient apparemment en conflit avec leurs familles qui leur refusaient de se marier.
Tandis que l’opinion s’interroge sur les motifs psychologiques d’un tel drame, les autorités ont profité de l’occasion pour appeler au renforcement des valeurs familiales et de la responsabilité parentale.
Plusieurs journaux de la tendance dure du régime sont allés plus loin en dénonçant «l’influence dévastatrice» des films américains.
Les suspects, selon eux, «regardaient beaucoup de films immoraux» enregistrés sur cassettes-vidéo ou captés sur des chaînes étrangères grâce à des antennes satellitaires, des moyens rigoureusement interdits en république islamique car accusés de colporter une «culture décadente» chez les jeunes.

Engins sataniques v/s
valeurs culturelles...

Le quotidien conservateur Ressalât a mis en garde contre «l’insécurité culturelle» engendrée par «les satellites, les ordinateurs, les films occidentaux, la drogue et Internet».
«Nos ennemis utilisent ces engins sataniques pour attaquer nos valeurs culturelles et spirituelles. Si nous perdons la bataille culturelle, nos autres lignes de défense s’effondreront les unes après les autres», a ajouté le journal.
Le journal fondamentaliste «Kayhan» a également pressé les autorités d’intensifier la répression contre «la corruption sociale et les comportements immoraux, qui peuvent mener à d’autres crimes de ce type».

«Pourquoi ces deux jeunes gens ont-ils été autorisés à nouer une relation si facilement?», s’est interrogé le journal, en blâmant «les films étrangers qui ouvrent la porte aux mauvaises influences».
Les autorités iraniennes imposent une séparation stricte entre garçons et filles en dehors de la famille. La police, aidée par les milices islamiques, fait fréquemment des descentes dans les soirées dansantes et ratisse les parcs où les jeunes viennent flirter.
Cent trente adolescents ont ainsi été arrêtés lors de soirées d’anniversaire à Téhéran la semaine dernière, a indiqué un responsable judiciaire. Des dizaines de «lieux de divertissement» où l’on «séduisait les jeunes gens et jeunes filles» ont fait l’objet de raids de police ces deux derniers mois, a-t-il dit.
D’autres journaux ont appelé à la modération dans cette affaire. Le quotidien modéré «Hamshahri», organe de la municipalité de Téhéran, a critiqué à mots couverts les journaux qui ont «gonflé» cette histoire pour des motifs idéologiques.
«Cette famille n’était peut-être pas très religieuse, mais nous sommes tenus par l’éthique de manifester une certaine retenue», a-t-il souligné.
«Kar-va-Kargar» un journal habituellement souple sur les questions culturelles, a déploré une «tragédie» due au «manque d’attention à l’égard des besoins de la jeunesse».
«Quel âge avaient ces enfants lors de notre révolution?», s’est interrogé le journal, évoquant implicitement le décalage entre la jeune génération et celle qui a participé à l’avènement de la République islamique en 1979.
TEHERAN, 9 Janvier (AFP). — Le meurtre de deux enfants par leur sœur de seize ans et son petit ami dans un quartier aisé de Téhéran a relancé la campagne des milieux fondamentalistes contre les valeurs occidentales «immorales».Somayeh Shahbazinia est accusée d’avoir étranglé sa sœur de quatorze ans pendant son sommeil et d’avoir noyé son petit frère de huit ans dans une...