La CSU a ainsi répondu à une ouverture du chancelier Kohl déclarant devant le Parlement, fin novembre, que l’immigration était un facteur régulièrement occulté du chômage, point noir de son bilan et souci majeur des Allemands.
Le chef du groupe parlementaire CSU, Michael Glos, a ouvert l’offensive fin décembre, relayé par le ministre des Finances Theo Waigel, président du parti, et efficacement secondé par le ministre de l’Intérieur Manfred Kanther qui va répétant que l’Allemagne n’est pas une terre d’immigration.
«Nous ne pouvons plus accepter que des millions de nos concitoyens soient au chômage et qu’en même temps, plus d’un million de permis de travail soient accordés chaque année à des travailleurs étrangers en Allemagne», a assuré M. Glos dans un entretien au prestigieux hebdomadaire Der Spiegel.
L’Allemagne compte près de 4 millions de chômeurs, soit plus de 10% de la population active, et les pronostics pour l’année 1997, avant les élections générales de 1998, sont unanimement pessimistes. Le pays accueille 7 millions d’étrangers sur 81,5 millions d’habitants.
Mais lorsque M. Glos a répété son credo mercredi, il s’est attiré les foudres de l’Office fédéral du travail, qui a dénoncé une interprétation abusive des chiffres des permis de travail accordés aux étrangers non originaires de l’Union européenne.
Selon l’Office, bon nombre des 1,3 million de permis de travail délivrés pour l’année, comprend ceux accordés à des demandeurs d’asile pour une durée de un à trois mois, ce qui signifie qu’une même personne a pu recevoir quatre permis. Ce chiffre inclut aussi les travailleurs saisonniers, les étrangers venant en Allemagne pour leur formation et les employés de sociétés communes, a relevé l’Office.
Plus prudent que M. Glos, Theo Waigel a embrayé mercredi sans donner de chiffre: «Nous sommes confrontés au problème d’un très fort chômage parmi les Allemands, nous employons pourtant beaucoup d’étrangers. Il doit être légitime de réfléchir aux moyens de permettre aux Allemands de profiter des emplois existants», a-t-il dit au quotidien Sueddeutsche Zeitung.
Le ministre a défendu la proposition de son parti visant à imposer aux étrangers hors UE un délai de cinq ans avant de pouvoir travailler en Allemagne, estimant qu’elle «servirait à la prévention» du chômage et de l’immigration. A ses yeux, «il est schizophrène de donner chaque année autant d’emplois aux étrangers simplement parce que les Allemands ne veulent pas faire certains travaux».
Quant à M. Kanther, il relaie cette campagne en répétant à l’envi que l’Allemagne doit limiter l’arrivée des immigrants clandestins, demandeurs d’asile et autres indésirables. Il a annoncé, le 2 janvier, un renforcement des effectifs policiers aux frontières à cet effet. Mercredi, il a lancé à l’occasion de la publication des statistiques indiquant une réduction du nombre de demandeurs d’asile en 1996 que «tout doit être fait pour diminuer encore ce chiffre».
La réplique de l’opposition à cette offensive a été jusqu’ici plutôt discrète: une députée, Cornelie Sonntag-Wolgast (SPD), a répondu à M. Glos par un communiqué fin décembre en accusant la CSU de vouloir «débuter l’année avec une campagne faisant des étrangers des boucs émissaires» du chômage.
Et une petite voix s’est élevée de la coalition gouvernementale: la responsable des étrangers Cornelia Schmalz-Jacobsen, du Parti libéral FDP, a reproché à M. Glos une argumentation «éloignée des faits».
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