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Actualités - REPORTAGE

Un sport ouaté, complet et assez technique : le ski de fond

«C’est agréable d’entendre le silence», avoue doucement Maxime Chaïa, 35 ans, champion local de ski de fond.
La neige vierge, le silence, tellement dense qu’il en devient palpable, la solitude… C’est une véritable communion avec la nature que célèbre ce skieur de fond, tous les dimanches pendant la saison. Dans son chalet de Faraya, il se prépare physiquement et mentalement à aborder le plateau enneigé du Mzar. En ski de fond, à pied ou à quatre pattes si l’ascension devient trop raide, Max, comme ses proches l’appellent, est prêt à tout pour assouvir sa passion.
«Là-haut au moins, je suis sûr de ne pas être dérangé par des «zouaves», lâche-t-il.
Les «zouaves», ce sont les motos-neige qui polluent et escamotent les rares pistes tracées pour le ski de fond. Ce sont également ces piétons du dimanche qui se font un devoir, rapidement mué en habitude, de «damer» à leur façon (damner serait plus approprié…) la neige tombée la veille.
«Le ski de fond c’est mon échappatoire, mon oxygène», confie Maxime. Et cet oxygène de plus en plus rare, cet or blanc, il souhaite le mettre à portée de tous. C’est donc un véritable mode d’emploi que propose notre Bill Kotch* national.
Le maître-mot est le «cardio-vasculaire». Ce mot, Maxime en a fait un leitmotiv. Il faut donc avoir un bon rythme cardio-vasculaire, car le ski de fond est un sport d’endurance, un sport complet, comme la natation. Il faut ensuite un bon équipement de base, c’est-à-dire des bottes, des fixations de type Salomon SNS ou Tyrolia car elles sont équipées de crochets sous la chaussure au niveau des orteils, assurant une meilleure tenue du pied; des bâtons spéciaux plus longs, munis d’un panier différent de celui des bâtons de ski alpin; et une paire de skis de fond pour randonnée alpine et non nordique (car au Liban, les pistes sont plutôt escarpées), munis de carres** et d’écailles, à cause des conditions climatiques très variables comme du verglas très présent sur les versants des montagnes libanaises.
Le prix de cet équipement complet varie entre 200 et 400 dollars, selon votre penchant pour les marques; il est possible de le louer pour cinq dollars seulement dans les magasins qui grouillent autour des stations.
La troisième étape consiste à se munir d’un équipement de survie: une boussole (avec son mode d’emploi); une carte de la région, une trousse de première urgence; des fruits secs; un cellulaire; un sifflet pour signaler votre présence (l’utilisation d’un avertisseur étant passible d’amende); un couteau suisse multi-usage; des jumelles et de quoi s’habiller chaudement.
Il ne vous reste plus qu’à vous lancer à fond sur la neige. «Le ski de fond se pratique là où il y a de la neige, de préférence vierge», explique Maxime. «Il y a cinq ans, il avait tellement neigé que je me suis rendu de Beit Méry à Baabdate en ski. On se serait cru au Canada», ajoute-t-il rêveur. Avec beaucoup d’imagination, l’on finirait par parler québécois!
En attendant, les férus de ski de fond pourront toujours se lancer sur les six kilomètres (aller-retour) qui séparent Fakra de Kanat Bakiche, ou grossir les rangs de l’Association de ski de fond et de randonnées*** (ASFR).
Cette association, fondée il y a huit ans, regroupe une vingtaine d’adhérents de tout âge qui se retrouvent tous les week-ends pour faire des sorties de ski en hiver et des randonnées pédestres le reste de l’année. Pour en faire partie, il suffit de verser une première cotisation de 20 dollars, puis une contribution annuelle de 20 dollars également. Les prudents qui préfèrent ne pas se «mouiller» pourront toujours participer à deux ou trois randonnées moyennant une participation de 7.000 L.L. à 10.000 L.L., couvrant les frais de transport, suivant la destination choisie (Fakra, les Cèdres…). Le programme des sorties du week-end (une le samedi généralement accessible aux skieurs de tout niveau et une autre le dimanche pour skieurs plus confirmés) est annoncé deux jours à l’avance dans «L’Orient-Le Jour», et le point de ralliement est à 8h30 à l’emplacement de l’échangeur de Faraya, en contrebas du Christ-Roi.

Formation

Il est tout de même conseillé aux débutants de prendre quelques cours (15 dollars les trois heures avec des moniteurs de l’ASFR) avant de se lancer dans les randonnées car les techniques de ski de fond (pas alternatifs, pas de patineurs, manière de tourner ou de s’arrêter) diffèrent légèrement de celles du ski alpin.
Le terrain de prédilection de l’ASFR est la région de Laklouk, car le paysage y est vaste, la neige bonne et le soleil souvent présent. Les Cèdres sont trop éloignés, et le domaine de Faraya trop escarpé et trop fréquenté en fin de semaine. Voici toutefois un programme de randonnées varié que les skieurs de fond pourraient effectuer avec l’ASFR, entre amis ou seuls s’ils le désirent (non-initiés s’abstenir!):
— Les débutants qui savent cependant tourner et s’arrêter peuvent commencer par une randonnée de 60 minutes au départ de Laklouk. Ils s’élanceront de la bergerie sur la route d’Akoura, où le terrain est très plat, vers le refuge «Eléftériadés» pour un aller-retour de trois kilomètres environ.
— S’ils jugent la distance trop courte, ils peuvent doubler la mise et à partir de la bergerie, s’élancer vers les zones de villégiature en direction des cols de Tem Ertibeh et Tem El-Koubour, en empruntant la route d’Akoura qui, en hiver, est fermée à cause de la neige et sert donc de «piste» pour le ski de fond, offrant une côte assez douce.
— Toujours à Laklouk et toujours au-dessus de la bergerie, les bons débutants pourront entreprendre leur pèlerinage de la saison en effectuant le «Tour de la Croix» qui surplombe la montagne et qui présente des difficultés moyennes pour un parcours de quatre heures.
— Dernière escale à Laklouk avec cette fois-ci une randonnée pour skieurs avertis. Départ de la bergerie vers le col de Tem El-Koubour avec ascension jusqu’au lieu dit la «Casquette du Gendarme», descente vers Aïn el-Labné et retour à la bergerie, le tout en six heures, frissons garantis.
— Ceux qui préfèrent les alentours de Fakra, et qui ont une heure seulement pour s’essayer au ski de fond, peuvent sillonner la route qui relie Fakra à Kanat Bakiche (six kilomètres aller-retour), fermée en hiver et transformée en piste. Le parcours, légèrement incliné, présente peu de difficulté et se trouve donc à la portée de tous.
— De Kanat Bakiche, les bons skieurs continueront jusqu’à Sannine en suivant les pistes tracées par les motos-neige. L’aller-retour peut être effectué en trois heures à peu près.
— A Sannine, ceux qui en veulent encore peuvent se lancer sur la route de Nabaa-Sannine vers le col de Zahlé. La randonnée, accessible à tous, est de 10 kilomètres environ aller-retour, et leur prendra près de trois heures.
Il est également possible de pratiquer le ski de fond aux Cèdres de Aïn Zhalta. Les très bons skieurs pourront partir à l’assaut de la route, assez escarpée, qui, en deux heures, les mènera jusqu’à la crête où ils jouiront d’une vue imprenable.
— Enfin, et pour faire montre d’éclectisme, les Cèdres, les seuls, les vrais et les rares qui restent!
En matière de ski de fond, c’est un domaine réservé aux excellents skieurs, car le terrain y est escarpé et les descentes en hors piste souvent très longues. L’équipe à trois (minimum) est donc conseillée. Pour s’échauffer, il est recommandé de laisser la voiture à la station et de monter en ski sur la route qui mène au col de Aïnata et qui est fermée aux automobilistes. L’aller-retour de 10 kilomètres peut facilement être effectué en quatre heures.
— Pour finir et toujours à partir de la station de ski des Cèdres, la dernière randonnée consiste à s’élancer sous l’ancien télésiège à l’assaut de la montagne pour redescendre ensuite vers Syr el-Denniyé, village connu du Akkar. Le parcours dure six heures. Il est relativement difficile avec une longue descente de 790 minutes qui équivaut à une piste bleue. Une fois arrivé au village, il vous faudra revenir en taxi à la station des Cèdres.
Pas d’envahisseurs à l’horizon… à vos skis, prêts, bonne glisse.

Mayanne CHOUCAIR

*: Champion du monde de ski de fond qui 5 années auparavant avait raflé les médailles d’or de tous les championnats de ski dans sa discipline.
**: Baguette de métal encastrée le long des bords intérieurs d’un ski.
***: ASFR: responsable, M. Seraphin Délifer, tél.: 01/320119 jusqu’à 17h; monitrice, Mlle Jeannine Somma, tél.: 01/382387.
«C’est agréable d’entendre le silence», avoue doucement Maxime Chaïa, 35 ans, champion local de ski de fond.La neige vierge, le silence, tellement dense qu’il en devient palpable, la solitude… C’est une véritable communion avec la nature que célèbre ce skieur de fond, tous les dimanches pendant la saison. Dans son chalet de Faraya, il se prépare physiquement et mentalement à...