LE CAIRE, 8 Janvier (AFP). — L’Egypte doit réhabiliter voire détruire ses «quartiers sauvages» apparus en toute illégalité depuis les années 70 et devenus un vivier de choix pour les intégristes, selon une étude gouvernementale.
Plus de la moitié (51%) des membres d’organisations intégristes armées dans la capitale
viennent de ces quartiers, selon une étude publiée mi-décembre par le Centre de démographie du Caire, qui dépend du ministère de la Santé et de la Population.
Ils sont 38% en Haute-Egypte (sud), notamment à Sohag, Assiout et Miniya, mais seulement 6 à 7% dans le Delta (nord).
«Les organisations intégristes sont tellement enracinées dans ces quartiers que certains sont devenus incontrôlables et doivent être rasés», précise l’étude qui cite les six quartiers «les plus dangereux» de la capitale.
Il s’agit de Ain-Chams, Mancheyat Nasser, Dar Es-Salam, Ezbat al-Haggana au Caire, Zawyat Abdel Kader et Mounira al-Gharbiya dans la région d’Imbaba à Guizeh.
Ces quartiers où fourmillent les petites mosquées échappant au contrôle de l’Etat facilitent le recrutement des militants intégristes, surtout chez les jeunes, en raison de la pauvreté régnante et du manque d’infrastructures.
Ils offrent en outre un refuge de choix. Très populeux, leurs rues étroites et bondées n’autorisent pas le passage des voitures des forces de l’ordre et permettent aux personnes recherchées de s’éclipser facilement.
Les familles des islamistes couvrent leur fuite en cas de rafle et les champs sont généralement proches de ces quartiers souvent en bordure des villes.
Au total, 12,6 millions de personnes, soit près de 40% de la population urbaine, vivent dans 1.034 «quartiers sauvages» en Egypte sur 344 kilomètres carrés, selon l’étude. Parmi eux, 953 quartiers doivent être réhabilités à terme et 81 détruits, dont 25 immédiatement au Caire et à Alexandrie, poursuit l’étude sans préciser lesquels.
Un budget insuffisant
Le ministre de l’Administration locale, M. Mahmoud al-Chérif, a estimé pour sa part en décembre devant le Parlement que quelque 11 millions d’Egyptiens vivaient dans les 961 «quartiers sauvages» du pays.
Selon lui, ces quartiers représentent 16% de l’habitat en Haute-Egypte et 2 à 8% en Basse-Egypte. Il a souligné qu’1,9 milliard de livres (environ 500 millions USD) étaient actuellement affectées au développement de 127 des 592 quartiers dont la réhabilitation a été déclarée prioritaire par le gouvernement.
Mais la presse gouvernementale a souligné qu’1,3 milliard de livres avaient déjà été consacrées sans résultats à cet objectif, chaque gouvernorat devant se contenter d’à peine quelques milliers de livres.
«Tout au plus a-t-on éclairé quelques rues, on ne peut pas appeler cela du développement», estimait ainsi le quotidien «al-Akhbar» qui estime plus rentable de tout raser pour «reconstruire sur de bonnes bases».
Une telle opération coûterait 15 à 20 milliards de livres et pourrait être étalée sur cinq à dix ans à raison de deux milliards SUD par an fournis par l’Etat, selon le journal.
En 1980, Zawyat el-Hamra, près de Choubra (nord du Caire) avait été le théâtre d’incidents entre musulmans et coptes (chrétiens d’Egypte) et des premières confrontations sanglantes entre islamistes et forces de l’ordre. Imbaba avait pris la relève dans les années quatre-vingts et au début des années 90 avant que les autorités n’y lancent une vaste chasse aux islamistes.
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