Dix-huit personnes ont également été blessées lors de cette opération planifiée, qui a visé une cité populaire près de Douaouda, sur la côte ouest, à 30 kilomètres d’Alger.
Un enfant de six mois, un garçon de six ans et un de huit ans, ainsi que plusieurs femmes figurent parmi les victimes, selon des habitants interrogés sur place, encore sous le choc.
Ce nouveau massacre, au lendemain d’une autre tuerie survenue à Benachour (50 km au sud d’Alger), qui a fait 16 morts, porte à plus de 250 le nombre de victimes civiles depuis deux mois, selon des bilans partiels.
Les services de sécurité ont annoncé dans un bref communiqué que 18 personnes avaient été «lâchement assassinées» par des «terroristes» et 18 blessées. A quelques kilomètres de là, quatre personnes — un agent immobilier et ses trois employés — ont aussi été assassinées, ont indiqué lundi des témoins.
Il était environ une heure du matin quand un commando islamiste a attaqué une cité de maisons à l’écart de Douaouda, baptisée les Oliviers. Des habitants ont affirmé que les «terroristes» étaient «plus de cent».
«Ils sont arrivés par la forêt, en tirant. Lorsqu’ils se sont rendu compte qu’il n’y avait pas de riposte, ils ont investi la cité», a raconté un habitant. Les assaillants ont défoncé les portes de maisons, ou sont passés par les toits, en enlevant les tuiles, dans une cité plongée dans la terreur.
«Ils ont placé des bombes contre les portes en fer qui résistaient», a ajouté cet habitant.
Certains habitants de la cité laissaient éclater leur amertume et leur colère lundi. «Cela fait huit mois que nous avons demandé des armes, et nous n’avons rien eu», lâche l’un d’eux. Certains estimaient justement que le village avait été visé parce que ses habitants voulaient se défendre. «Mais les forces de sécurité considèrent que notre cité est «dangereuse» et aide les terroristes», a affirmé un habitant.
L’armée a lancé une opération de recherches. Des hélicoptères ont notamment été aperçus survolant la région, alors que la plupart des habitants de la cité ont fui.
Depuis deux mois, les tueries se sont concentrées dans l’Algérois, en particulier dans la plaine de la Mitidja, où le Groupe islamique armé (GIA) d’Antar Zouabri est fortement implanté.
Ces massacres s’accompagnent d’atrocités: adolescentes violées avant d’être achevées, corps mutilés et décapités, têtes retrouvées plantées sur des piquets. Ils ont poussé des centaines d’habitants à abandonner leur village.
La proximité du Ramadan — qui doit débuter aux alentours du 10 janvier — a encore accru les craintes dans la population.
Les groupes armés considèrent cette période comme propice au «Djihad» (guerre sainte), et les précédents mois de jeûne ont été marqués par une flambée des attentats.
Les autorités soutiennent que le «terrorisme» a été vaincu, après cinq ans d’affrontements qui ont fait plus de 50.000 morts, selon des sources occidentales, une thèse vivement démentie par l’opposition et une partie de la presse privée.
Fait nouveau, des voix se sont élevées dimanche au sein même du Conseil national de transition (CNT, Parlement désigné) pour contester la version du «terrorisme résiduel».
«Le terrorisme est devenu un phénomène national, et la situation est insoutenable», a lancé un membre du CNT, dont les propos étaient rapportés par la presse, en réponse au chef du gouvernement Ahmed Ouyahia.
Les habitants de la région de Blida (50 km au sud d’Alger) «vivent dans la peur. Ils fuient leurs maisons et se réfugient dans des mosquées et des garages. On n’a pas encore défait le terrorisme, car j’ai vu le Rwanda en Algérie», a-t-il ajouté.
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